Raphia taedigera

Famille : Arecaceae


Texte © Pietro Puccio

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Raphia taedigera est présente en Afrique et Amérique tropicale mais n'y est pas arrivée avec les esclaves © Giuseppe Mazza

Raphia taedigera est présente en Afrique et Amérique tropicale mais n'y est pas arrivée avec les esclaves © Giuseppe Mazza

Cette espèce est présente en Afrique : Cameroun et Nigeria et en Amérique : Brésil (Acre, Amazonas, Amapa, Para, Roraima, Rondônia et Tocatins), Colombie, Costa Rica, Nicaragua et Panama où elle pousse dans les forêts humides le long des cours d’eau sur des sols alluvionnaires inondés périodiquement, souvent à proximité de la mer, où elle représente dans certaines zones l’espèce dominante ou unique.

Le nom du genre vient de “raffia”, nom utilisé à Madagascar pour désigner la Raphia farinifera; le nom de l’espèce est la combinaison du substantif latin “taeda” = torche et du verbe “gero” = porter, faire office de, par allusion aux troncs facilement inflammables.

Noms communs : american raffiapalm, pinecone palm, swamp palm, yolillo palm (anglais), raphia d’Amazonie, raphia d’Amérique, raphia du Brésil (français), jupati, jurubati (portugais-Brésil), holillo, jolilo, jolillo, matomba, palma pangana, targuà, yolilo (espagnol).

La Raphia taedigera (Mart.) Mart. (1838) est une espèce monoïque, monocarpique, en général cespiteuse, aux troncs rapprochés et droits, de 1 à 4 m de haut et de 25 à 40 cm de diamètre, recouverts par des bases foliaires persistantes et entourés à leur base par une masse épaisse de petites racines aériennes (pneumatophores). Les feuilles, portées sur des pétioles inermes longs de 1 à 5 m, sont pennées, ascendantes avec un apex recourbé et longues jusqu’à plus de 10 m. Elles ont 100 à 200 paires de pinnules qui sont linéaires, lancéolées, longues jusqu’à 1,2 m, légèrement pendantes, disposées de façon irrégulière et sur différents angles, ce qui donne à la feuille un aspect plumeux, et qui ont des bords et une nervure centrale dotés de petites épines.

Les inflorescences ont des ramifications du second ordre qui apparaissent de façon simultanée parmi les feuilles réduites et les bractées situées au sommet du tronc. Elle sont longues de 1 à 3 m, pendantes et portent des fleurs unisexuées. Les fleurs mâles se situent à l’apex des ramifications et les fleurs femelles à leur base. Une fois terminée la fructification le tronc meurt mais la plante continue à vivre grâce aux nouveaux troncs qu’elle produit à sa base. Les fruits sont ellipsoïdes, de 5 à 7 cm de large et de 3 à 4 cm de diamètre, recouverts d’écailles imbriquées de couleur brun rougeâtre et brillantes, et contiennent une seule graine.

On reproduit cette plante en semant ses graines dans un terreau sableux maintenu humide à la température de 24 à 26 °C. Elles mettent jusqu’à un an pour germer. Les premières feuilles sont bifides. C’est un espèce très répandue dans la nature mais peu utilisée ailleurs malgré les caractéristiques ornementales de son feuillage. On peut la cultiver dans les zones au climat tropical et, de façon marginale, subtropical, en plein soleil, sur des terrains humides en permanence, même peu drainés.

Cespiteuse, haute jusqu'à 4 m, elle a des feuilles très décoratives. De ses fruits on extrait une huile rougeâtre utilisée pour fabriquer des savons et qui a des propriétés antirhumatismales et des caractéristiques favorables à la production de biodiésel © Giuseppe Mazza

Cespiteuse, haute jusqu'à 4 m, elle a des feuilles très décoratives. De ses fruits on extrait une huile rougeâtre utilisée pour fabriquer des savons et qui a des propriétés antirhumatismales et des caractéristiques favorables à la production de biodiésel © Giuseppe Mazza

Cette plante à la croissance rapide convient pour des parcs et jardins de grande taille étant donné les dimensions qu’elle peut atteindre. Elle tolère un certain degré de salinité et peut donc être utilisée à proximité de la mer. Les feuilles sont employées par les populations amazoniennes pour la couverture des constructions rurales tandis que les troncs et les pétioles sont utilisés pour la réalisation des cloisons et des encadrements.

L’enveloppe externe des pétioles sert de plus à fabriquer des pièges pour les crustacés et les poissons. Les fibres extraites de la partie interne sont employées pour la fabrication de cordages, de paniers, de sacs, de coiffures et d’autres objets artisanaux.

De la pulpe des fruits on extrait une huile de couleur rougeâtre utilisée pour la fabrication de savons et, dans la médecine populaire, pour des frictions contre les rhumatismes. Cette huile présente en outre des caractéristiques qui conviennent à son emploi comme biodiésel.

Les fruits sont aussi utilisés pour l’alimentation des cochons. Les graines nettoyées et polies sont employées en bijouterie ou pour la réalisation de petits objets artisanaux.

La présence aussi en Amérique de cette espèce appartenant à un genre répandu en Afrique et à Madagascar a fait l’objet de nombreuses discussions. Une des hypothèses les plus souvent admises était que les fruits étaient arrivés pendant la traite des esclaves et utilisés comme aliment mais de récentes recherches archéologiques et des analyses paléoécologiques des sédiments ont prouvé la présence de cette plante dans l’aire caribéenne déjà l’époque précolombienne.

Synonymes : Sagus taedigera Mart. (1824); Metroxylon taedigerum (Mart.) Spreng. (1825); Raphia nicaraguensis Oerst. (1859); Raphia vinifera var. taedigera (Mart.) Drude (1881); Raphia vinifera var. nicaraguensis (Oerst.) Drude (1882); Raphia aulacolepis Burret (1942).

 

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