Caprimulgiformes

Texto © Dr. Davide Guadagnini

 

Traduction en français par Catherine Collin

 

L’ordre des Caprimulgiformes (Caprimulgiformes) appartient à la classe des oiseaux (Aves), à l’infra-classe des Neognathes (Neognathae) et au clade des Cypselomorphes (Cypselomorphae).

Cet ordre compte quatre familles : Caprimulgidae, Podargidae, Steatornithidae, Nyctibiidae.

Les membres de cet ordre présentent des caractéristiques assez homogènes. Les espèces appartenant aux quatre familles de cet ordre montrent tous des livrées et des comportements qui les rendent cryptiques-mimétiques dans les milieux dans lesquels il vivent.

Le plumage est très doux et montre majoritairement une gamme de coloris gris-marron-rougeâtre avec des marbrures, taches et barres plus sombres et plus claires qui rappellent la couleur des troncs, branches, écorces, feuilles sèches, roches ainsi que du terrain et des sols présents dans leurs aires de distribution.

Toutes les espèces ont de grands yeux et une vue perçante. Chez ces oiseaux l’ouïe est excellente et ils sont dotés d’une grande et large bouche et, en conséquence, de larges becs mais petits et courts. Ces becs ont une pointe crochue.

Toute les espèces, à l’exception des Guacharos qui se nourrissent de végétaux, sont des prédateurs et se nourrissent principalement d’insectes et de petits animaux ; ils montrent des habitudes crépusculaires-nocturnes, leur vol est silencieux.

Ils présentent une tête carrée et volumineuse. Leurs pattes sont plutôt courtes et peu évidente (cachées) aussi bien lorsqu’ils volent que lorsqu’ils sont posés ; leur allure au sol ou sur les perchoirs est plutôt maladroite et gauche ou même rampante. Ils sont de taille moyenne et leur forme est assez allongée.

Cet ordre, avec une distribution différente des familles et des espèces existantes a une distribution pratiquement cosmopolite puisqu’on trouve des représentants de ce genre sur tous les continents à l’exception de l’Antarctique. La classification taxonomique des oiseaux appartenant à l’ordre des caprimulgiformes a été l’objet de nombreuses révisions et de discussions sans fin : ce n’est que récemment qu’elle a été structurée, avec la reconnaissance des quatre familles indiquées ci-dessus.

Dans le passé, pour leurs habitudes de prédateurs, principalement nocturnes, ils ont été comparés et considérés similaires aux rapaces nocturnes (Strigiformes). D’autres fois, pour leurs longues ailes et leurs pattes courtes alliées à leur forme, qui les rend agiles et légers en vol, ils ont été considérés comme étant similaires aux martinets (Apodiformes). D’autres fois encore ils ont “transité” d’ordre, appartenant à la classe Aves, mais différent. Pour compliquer le tout il n’y a eu que très peu de restes fossiles retrouvés d’oiseaux anciens éteints ayant des liens de parenté avec les Caprimulgiformes existant à l’heure actuelle.

A la famille Caprimulgidae appartiennent les oiseaux appelés vulgairement “Engoulevents”. Cette famille comprend de nombreuses espèces dans l’ancien et le nouveau monde. Ils sont de petite taille et leur forme ressemble à celle de grands martinets brun-rougeâtre-grisâtre. L’ouverture buccale est très large, allant jusqu’en dessous de la projection des yeux et est entourée de plumes modifiées de type tactile. Les narines sont en partie cachées par les plumes, le cou est court. Ils ont de petites pattes avec des tarses courts, en partie couvertes de plumes. Les trois doigts retournés vers l’arrière sont réunis jusqu’à la première phalange. Le doigt du milieu possède un ongle particulier, conçu comme un peigne sur le côté intérieur. Les ailes sont longues et dotées d’une dizaine de plumes primaires. La queue est plutôt longue et arrondie ; elle est constituée d’une dizaine de rectrices et chez certaines espèces est dotée de plumes ornementales particulières encore plus longues que le reste des plumes de la queue.

L’Engoulevent est parfois appelé Tète-chèvre à cause de l’ancienne croyance qui le voyait venir la nuit dans les étables pour traire les chèvres ; le nom latin de cette famille a la même signification comme d’ailleurs le nom de l’ordre qui dérive aussi de Tète-chèvre.

L’origine de cette légende vient de l’habitude qu’a cet oiseau d’entrer dans les étables et les enclos où se repose le bétail et où ils volettent pour chasser les insectes nocturnes qui s’y trouvent en nombre, attirés par le bétail. Sa grande bouche à très large ouverture a contribué à faire croire que ces oiseaux pouvaient sucer le lait aux mamelles des chèvres.

Peu d’oiseaux ont reçu autant de noms que les oiseaux appartenant à la famille Caprimulgidae : l’Engoulevent est aussi connu sous le nom de “crapaud volant” pour son chant, “coucou rouge” etc. En italien aussi : “Nottolone” pour ses habitudes nocturnes ; “Ingoiavento” comme en français “Engoulevent” parce qu’il vole en tenant sa bouche grande ouverte pour chasser ; “Covaterra” (couve à terre) parce que pour se camoufler il se tient sur le sol comme s’il couvait ; ou encore “Portaquaglie” (Porte Caille) parce qu’en Italie son retour de migration coïncide avec celui de la Caille des blés (Coturnix coturnix), etc.

La famille Caprimulgidae compte plus de 90 espèces distribuées dans  l’Ancien Monde (Caprimulgus europaeus) et le Nouveau.

Dans la famille Podargidae on trouve des oiseaux montrant une taille en moyenne plus grande que celle des Engoulevents ; ils sont plus trapus et corpulents. Ils sont appelés “Bouche de grenouille” pour leur grande bouche qu’ils peuvent ouvrir très largement. Localement de nombreux autres noms les assimilent par erreur à des rapaces nocturnes. La couleur de leur livrée est toujours cryptique mais puisqu’ils ont principalement des habitudes arboricoles c’est sur les troncs ou les branches d’arbres que le mimétisme est le plus important. Ils chassent plus activement par rapport aux engoulevents, plongeant sur les proies qu’ils attendent et repèrent depuis leur perchoir. Ils vivent dans les régions Sud-Est du monde ; de l’Inde à l’Australie (Podargus strigoides). Cette famille compte une douzaine d’espèces.

Une seule espèce est assignée à la famille Steatornithidae également unique pour ses mœurs particulières ; il s’agit du Guacharo des cavernes (Steatornis caripensis). Cette espèce ne vit que dans le Sud de l’Amérique, et dans quelques zones du Centre.  Ce qui le rend unique c’est le fait d’être le seul oiseau végétarien appartenant à cet ordre ; il se nourrit exclusivement de fruits oléagineux, principalement ceux des palmiers. Autre fait le rendant unique, il est le seul oiseau à la fois frugivore et de mœurs nocturnes. La journée le Guaracho des cavernes vit et se repose dans des grottes et des cavernes qu’il utilise aussi pour se reproduire.

Enfin, la famille Nyctibiidae comprend 7 espèces d’oiseaux réparties en Amérique Centrale et du Sud qui occupent la même niche écologique puisqu’elles présentent des habitudes similaires, niche écologique occupée dans l’autre partie du monde par les Engoulevents et les Podarges. Les Ibijaux ont des habitudes arboricoles et chassent à partir d’un perchoir. Leur forme se situe entre celle de l’Engoulevent et du Podarge. Il leur manque les plumes tactiles du bec (semblables à des soies). Les oiseaux appartenant à cette famille ont un régime alimentaire carnivore, se nourrissant principalement d’insectes et de quelques petits animaux et sont nocturnes. Ils passent la journée perchée sur des branches de façon cryptique. Contrairement aux Podarges ils ne construisent pas de nid et leur unique œuf est pondu et couvé sur n’importe qu’elle petite base d’appui à disposition sur une branche cassée ou horizontale.