Famille : Asteraceae
Texte © Eugenio Zanotti
Traduction en français par Michel Olivié
Le genre Tanacetum comprend, suivant les auteurs, de 154 à 160 espèces répandues dans les régions tempérées de l’hémisphère Nord. La Tanaisie commune (Tanacetum vulgare L. 1753), connue aussi sous le nom de barbotine, a probablement une origine asiatique. Son aire de distribution actuelle est eurasiatique (Europe, Asie Mineure, Caucase, Sibérie, jusqu’au Japon) et elle a été naturalisée en Amérique du Nord.
Le nom du genre Tanacetum dérive du latin médiéval “tanazita” qui, à son tour, vient du grec “athanasia” = immortalité, par référence à la longue durée des fleurs qui se conservent sans se faner; dans d’autres textes on fait référence à la croyance selon laquelle les boissons faites avec les feuilles de cette plante confèreraient une vie éternelle. Une légende raconte que la tanaisie serait la cause de l’immortalité du très beau Ganymède, le serviteur de Zeus.
Le nom de l’espèce vulgare = commun en latin, indique en plus que c’est une plante très répandue.
C’est une plante herbacée pérenne haute en moyenne de 50 à 150 cm, glabre ou peu poilue, ayant une forte odeur aromatique, dotée d’un rhizome presque ligneux, ramifié et rampant d’où partent de nombreuses tiges dressées, anguleuses, souvent de couleur plus ou moins brun-pourpre, feuillues et simples jusqu’à l’inflorescence.
Les feuilles sont alternes, grandes (25 x 5 à 10 cm) et oblongues; les feuilles basales sont dotées d’un pétiole de 5 à 15 cm alors que les feuilles caulinaires sont sessiles avec de petites découpures basales laciniées, pennatiséquées et ont un rachis denté et des segments pennatipartites avec un rebord tranchant et une surface mouchetée et glanduleuse.
Les fleurs, réunies dans des corymbes composés terminaux, sont portées dans des capitules hémisphériques de 8 à 11 mm de diamètre entourés d’ écailles involucrales imbriquées, coriaces, obtuses, pâles et membraneuses à l’apex. Les fleurs sont toutes tubuleuses et jaunes; celles du centre sont hermaphrodites, celles de la périphérie femelles. La floraison dure de juillet à septembre et c’est à cette époque (surtout en juillet) qu’est recommandée (période dite balsamique) la cueillette des capitules qui sont séchés pour les usages thérapeutiques lesquels, disons-le tout-de-suite, doivent être faits exclusivement sous contrôle médical en raison de la toxicité des composants actifs de cette espèce. Les fruits sont des akènes de 1,5 mm, obconiques, à 5 côtes, avec une courte couronne lobulée, et glanduleux.
La tanaisie pousse habituellement le long des rives des cours d’eau, au bord des routes de campagne et dans les friches, dans les prairies et les pâturages, surtout sur des sols acides. Elle est souvent cultivée pour l’ornement (notamment la belle variété dite crispum, et est d’autre part employée avec 32 autres herbes dans la fabrication de la célèbre liqueur des Alpes ou arquebuse ou comme plante médicinale et aromatique et retourne à l’état sauvage aux alentours de leurs lieux de culture.
C’est une espèce que l’on multiplie facilement en divisant les vieux pieds au printemps ou en automne ou bien par des semis effectués pendant ces saisons.Les principes actifs de la tanaisie sont surtout représentés par une huile essentielle contenant du thuyone (jusqu’à 70%), du tanacétone, des lactones sesquiterpéniques (ils peuvent causer, par contact, des phytoderma- toses), un camphre, du bornéol, des pinènes et des acides organiques. À doses thérapeutiques les préparations à base de tanaisie sont un bon antihelminthique contre les ascaris et les oxyures; elles possèdent en outre des propriétés emménagogues et en usage externe elles ont une action vulnéraire ou cicatrisante sur les blessures et les plaies. Elles sont employées aussi en médecine homéopathique et en dermatologie pour revitaliser la peau vieillissante.
Dans les campagnes où cette plante était fréquente on en faisait des bouquets que l’on déposait dans les poulaillers, les chenils et les cages à lapins en guise de répulsif contre les acariens, les poux et les tiques et aussi dans les greniers pour éloigner les insectes qui se nourrissent de grains de céréales et les souris et également dans les armoires contre les mites. Aujourd’hui encore de nombreux produits insecticides, surtout en agriculture biologique, sont à base de tanaisie. La décoction des fleurs sert à colorer la laine (après un mordançage à l’alun et à la crème de tartre) d’une très belle teinte jaune.
En Angleterre cette plante est utilisée en petite quantité pour aromatiser un gâteau traditionnel consommé pendant la période de Pâques. Dans la région méditerranéenne on mettait une pincée de feuilles broyées dans les soupes et les omelettes.
On a signalé de nombreux cas d’intoxication dus à l’usage en cuisine comme aromatisant de feuilles et de fleurs fraîches en quantité excessive tout comme son emploi thérapeutique à des doses ou à des consommations élevées. Ils se sont manifestés par des douleurs abdominales, des vomissements, des gastro-entérites, des hémorragies internes, des avortements et des lésions rénales et hépatiques très sévères.. Nous recommandons donc une fois encore de s’abstenir de l’usage domestique de cette plante qui doit être employée avec de grandes précautions strictement sous contrôle médical.
Synonymes : Chrysanthemum vulgare (L.) Bernh.(1800); Pyrethrum tanacetum (L.) Boiss. (1875); Chrysanthemum vulgare var. boreale Fisch. Ex DC.) A. Löve & D. Löve (1976).
→ Pour apprécier la biodiversité au sein de la famille des ASTERACEAE cliquez ici.