Famille : Passifloraceae
Texte © Pietro Puccio
Traduction en français par Michel Olivié
Cette espèce est originaire d’Antigua-et-Barbuda, d’Argentine, des Bahamas, du Belize, de la Bolivie, du Brésil, du Chili, de la Colombie, du Costa Rica, de Cuba, de la Dominique, de l’Équateur, du Salvador, de la Jamaïque, de la Grenade, de la Guadeloupe, du Guatemala, de Guyana, de la Guyane française, d’Haïti, de la République dominicaine, du Honduras, de la Martinique, du Mexique (Chiapas, Chihuahua, Coahuila, Colima, Guanajuato, Guerrero, Hidalgo, Jalisco, Mexico, Michoacan, Morelos, Nayarit, Nuevo Leon, Oaxaca, Puebla, Queretaro, San Luis Potosi, Sinaloa, Sonora, Tabasco, Tamaulipas, Veracruz, Yucatan et Zacatecas), du Nicaragua, du Panama, du Paraguay, du Pérou, de Porto Rico, de Sainte-Lucie, de Saint Vincent-et-Grenadines, du Surinam, de Trinité-et-Tobago, de l’Uruguay, des États-Unis (Arizona et Texas) et du Vénézuela où elle pousse à la lisière des forêts humides, le long des rives des cours d’eau, sur les pentes rocheuses et dans les zones de friches où le sol a été remué jusqu’à environ 1.000 m d’altitude.
Le nom du genre est issu de la combinaison des mots latins “passio, -onis” = passion, souffrance et “flos,-oris” = fleur par allusion à la structure de la fleur dans laquelle les premiers missionnaires espagnols entrevoyaient les instruments de la Passion du Christ ; le nom de l’espèce est l’adjectif latin “foetidus, a, um” = fétide, malodorant, par référence à l’odeur des feuilles.
Noms communs : fit weed, love-in-a-mist, love-in-a-mist passionflower, mossy passionflower, running pop, stinking granadilla, stinking passionflower, stinking passionfruit, wild passionfruit, wild water-melon (anglais), Marie-goujat (français), maracujà da pedra, maracujà de cobra, maracujàde lagartinho, maracujà de cheiro (portugais-Brésil), bombillo, clavellin blanco, injito colorado, granadilla de culebra, granadilla silvestre, parchita de culebra, passiflora hedionda, tagua-tagua (espagnol), stinkende Grenadille (allemand).
La Passiflora foetida L. (1753) est une espèce grimpante pérenne qui s’accroche à des supports grâce à des vrilles produites à l’aisselle des feuilles. Elle a de minces tiges cylindriques longues de 2 à 5 m et recouvertes de fins poils glanduleux visqueux et jaunâtres. Les feuilles, portées sur un pétiole long jusqu’à 6 cm et dépourvu de glandes, sont alternes, velues, longues 5 à 9 cm et larges de 3 à 8 cm et comportent 3 à 5 lobes de formes très variables avec un lobe central légèrement plus long que les lobes latéraux et des bords entiers ou légèrement dentelés. Les stipules (les appendices à la base du pétiole qui ont pour rôle de protéger la feuille aux premiers stades de son développement) sont souvent profondément subdivisées en segments filiformes dotés de glandes apicales. Les feuilles froissées dégagent une odeur pénétrante que beaucoup jugent désagréable.
Les fleurs sont hermaphrodites, axillaires, solitaires, de 2 à 5 cm de diamètre et de couleur blanche, rose ou pourpre. Elles sont portées sur un pédoncule long de 3 à 6 cm, soutenues par 3 bractées saillantes de couleur vert pâle, unipennées, bipennées ou tripennées avec des segments filiformes dotés de glandes apicales et ont une corolle avec 5 sépales ovales-oblongs, 5 pétales oblongs ou oblongs lancéolés légèrement plus courts que les sépales et une couronne avec deux séries de filaments de couleur pourpre à l’extrémité blanche longs d’environ 1 cm.
La fleur, qui s’ouvre aux premières lueurs du jour et se ferme à la fin de la matinée, est auto-compatible mais présente le phénomène de la protérandrie (les organes masculins mûrissent avant les organes féminins) ce qui favorise la pollinisation croisée. Le fruit est une baie indéhiscente (qui ne s’ouvre pas spontanément à maturité) enfermée dans les bractées pérennes et persistantes, sphérique ou sous-sphérique, de 2 à 3 cm de diamètre, d’une couleur allant du jaune au rouge à maturité, qui contient de nombreuses graines ovales-cunéiformes longues d’environ 0,5 cm. Les fruits mûrs sont comestibles, en particulier la pulpe blanchâtre et parfumée qui entoure les graines. Cette plante est naturalisée dans de nombreuses zones tropicales et est devenue envahissante en créant de sérieux problèmes à cause de sa végétation épaisse qui étouffe la végétation préexistante. On la reproduit au moyen de ses graines, qui sont éventuellement incisées et plongées dans de l’eau pendant deux jours pour favoriser la germination, en les semant dans un terreau sableux riche en substances organiques et maintenu humide à la température de 22 à 24 °C. La durée de germination est variable, voire longue. On la reproduit aussi facilement par bouturage et par marcottage.On a identifié les variétés suivantes : Passiflora foetida var. gossypiifolia (Desv. ex Ham.) Mast. (1871); Passiflora foetida var. hispida (DC. ex Triana & Planch.) Killip (1931); Passiflora foetida var. fluminensis (M. Roem.) Killip (1938); Passiflora foetida var. polyadenia (Griseb.) Killip (1938); Passiflora foetida var. quinqueloba (Griseb.) Killip (1938); Passiflora foetida var. riparia (C. Wright ex Griseb.) Killip (1938); Passiflora foetida var. orinocensis (Killip) Feuillet (2007).
C’est une espèce à la croissance rapide qui préfère les climats tropicaux et subtropicaux humides et une exposition en plein soleil ou sous un ombrage léger. On peut aussi essayer de la cultiver dans les climats tempérés chauds où les températures de quelques degrés au-dessous de 0 ° C sont exceptionnelles et de courte durée.. On peut l’utiliser comme plante grimpante ou comme couvre-sol sur divers types de terrains, même s’ils sont rocheux ou pierreux. Elle s’accommode bien de la culture en pot à des emplacements bien éclairés avec des températures hivernales qui ne soient pas de préférence inférieures à 14 °C. Les arrosages doivent être réguliers et abondants en été. En hiver le substrat doit être maintenu légèrement humide. La pulpe qui entoure les graines , à la saveur douce légèrement acidulée et à l’arôme excellent, est utilisée crue ou pour la préparation de boissons aromatisées.
Toutes les parties de cette plante , à l’exception des fruits mûrs, contiennent des substances toxiques, en particulier des glucosides cyanogénétiques, dans des concentrations suffisamment élevées pour provoquer dans certains cas la mort de chèvres et d’autres animaux. Les feuilles sont employées dans la médecine traditionnelle pour diverses pathologies
Synonymes : Passiflora vesicaria L. (1760); Passiflora variegata Mill. (1768); Granadilla foetida (L.) Gaertn. (1788); Passiflora hirsuta Lodd. (1818); Passiflora polyadena Vell. (1827); Passiflora nigelliflora Hook. (1838); Tripsilina foetida (L.) Raf. (1838); Passiflora hastata Bertol. (1840); Decaloba obscura (Lindl.) M.Roem. (1846); Dysosmia ciliata M.Roem. (1846); Dysosmia foetida (L.) M.Roem. (1846); Dysosmia gossypiifolia M.Roem. (1846); Dysosmia hastata M.Roem. (1846); Dysosmia hibiscifolia M.Roem. (1846); Dysosmia hircina Sweet ex M. Roem. (1846); Dysosmia nigelliflora M.Roem. (1846); Dysosmia nigelliflora M.Roem. (1846); Dysosmia polyadena M.Roem. (1846); Passiflora baraquiniana Lem. (1861); Passiflora liebmannii Mast. (1872); Passiflora marigouja Perr. ex Triana & Planch. (1873); Passiflora muralis Barb. Rodr. (1891); Passiflora balansae Chodat (1902); Passiflora pseudociliata Britto (1917).
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