Famille : Cyperaceae
Texte © Pietro Puccio
Traduction en français par Michel Olivié
Cette espèce est originaire de l’Afrique (Afrique du Sud, Angola,Bénin, Botswana, Burundi, Congo, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Gabon, Guinée, Kenya, Liberia, Malawi, Mozambique, Namibie, Nigeria, Ouganda, République démocratique du Congo, Ruanda, Sénégal, Soudan, Tanzanie, Tchad et Zambie) et des îles de l’Océan indien (Madagascar, île Maurice et île de la Réunion) où elle pousse soit ancrée dans le sol sur les rives des cours d’eau, des lacs et dans des zones marécageuses constamment gorgées d’eau où elle forme des taches de végétation touffue soit sous forme de plante flottante.
Le seul site européen où elle existe, non comme espèce indigène selon l’avis de la plupart des botanistes mais comme espèce introduite à une époque reculée et naturalisée, est la Sicile où elle est encore présente aux environs de Syracuse.
Le nom du genre vient du terme grec “kypeiros” utilisé par Théocrite et par Théophraste. Le nom de l’espèce est la latinisation du terme grec “papyros” qui est probablement d’origine égyptienne.
Noms communs : bulrushes, egyptian paper plant, egyptian paper reed, egyptian papyrus, mediterranean sedge, paper reed, papyrus sedge, papyrus (anglais), jonc du Nil, papyrus, plante à papier du Nil, papier du Nil, souchet à papier, souchet du Nil (français), papiro (italien), papiro (portugais), papiro (espagnol), Papyrusstaude, Papyrus-Zypergras (allemand).
Le Cyperus papyrus L. (1753) est une plante herbacée aquatique, pérenne, monocotylédone, cespiteuse, dotée de rhizomes horizontaux, courts et épais et d’un vaste appareil racinaire. Ses tiges (les chaumes) de section presque triangulaire, dressées, hautes de 2 à 5 m, larges à leur base jusqu’à environ 6 cm et lisses, sont remplies d’un tissu spongieux ( l’aérenchyme) où se trouvent de larges espaces intercellulaires qui facilitent la circulation de l’air, ce qui apporte de l’oxygène aux parties immergées de la plante. Ses feuilles sont basales, dépourvues de limbe, longues jusqu’à 20 à 30 cm et de couleur brun rougeâtre. Ses inflorescences sont composées, placées à l’extrémité de la tige, hémisphériques et constituées de 4 à 10 bractées linéaires ressemblant à des feuilles, de couleur brun rougeâtre et longues de 5 à 15 cm et de 40 à 100 “rayons” recourbés ou pendants, filamenteux, longs de 10 à 30 cm, qui ont à leur extrémité, à la fin de l’été, des épillets de couleur vert brun et longs de 1 à 2,5 cm. Les fruits sont des akènes oblongs, de 1 x 0,5 mm et de couleur marron clair. On reproduit cette plante au moyen de ses graines ou, très facilement, par division des touffes à la fin de l’hiver.
De croissance rapide elle est parmi les plus décoratives des plantes aquatiques. On peut la cultiver en plein soleil ou, tout au plus, sous un léger ombrage, dans les zones aux climats tropical, subtropical et , de façon marginale, tempéré chaud. Des températures à peine inférieures à 0°C détruisent sa partie aérienne mais au niveau du rhizome elle peut supporter quelques degrés de moins si elle est bien paillée ou placée dans l’eau. Au printemps la plante repousse. Du fait de ses dimensions elle a besoin d’espace pour que ses caractéristiques ornementales soient mises en valeur quand elle est installée dans l’eau ou au bord de bassins mais également quand elle est à l’intérieur d’un jardin. Le papyrus, sous forme de plante d’ornement, peut en fait être placé non seulement dans l’eau ou dans un terrain constamment trempé mais aussi en pleine terre sur un substrat sableux et riche en humus, maintenu suffisamment humide. Dans ce cas toutefois la hauteur des chaumes sera inférieure à celle qu’elle aurait dans l’eau. Il faut alors mettre la plante dans de petits bacs. Il est prudent de la placer dans des pots qui soient immergés afin de contrôler sa croissance car elle peut asphyxier rapidement n’importe quel autre végétal. Mise en pot elle est appréciée pour la décoration d’intérieurs spacieux, de serres et de vérandas. On doit en ce cas l’installer à un emplacement très lumineux et utiliser un substrat complété par du sable ou d’autres matériaux inertes et maintenu constamment humide, par exemple en mettant le pot dans un récipient dont le fond contient de l’eau en permanence, le températures ne devant pas de préférence descendre au-dessous de 12 à 14°C.
Le papyrus, comme on sait, a une longue histoire et revêt une importance fondamentale dans la marche en avant de la civilisation. Symbole du royaume de la Basse Égypte ( environ 5.000 à 3.000 ans avant J.C.) son nom est lié à la confection du matériau du même nom utilisé pour l’écriture par les anciens Égyptiens. La première description du procédé employé pour sa fabrication est due, dans ses grandes lignes, à Pline l’Ancien ( 23-79 après J.C.). La partie interne des chaumes est coupée en lamelles qui sont disposées côte à côte dans le sens longitudinal et sur lesquelles on superpose une autre série de lamelles placées dans le sens vertical. Ensuite, une fois pressées et séchées au soleil, elles servent de support pour l’écriture et la peinture.
L’usage du papyrus égyptien s’est répandu en Grèce et dans l’empire romain et a subsisté presque jusqu’au Xe siècle où il a été progressivement remplacé par le papier obtenu à partir du pourrissement de chiffons ou de matériaux d’origine végétale. Bien que des feuilles de papyrus de bonne qualité soient fabriquées aujourd’hui à Syracuse le procédé anciennement utilisé n’est pas encore maintenant parfaitement connu dans le détail.
Le papyrus n’était pas utilisé dans l’ancienne Égypte uniquement pour fabriquer des feuilles destinées à l’écriture mais aussi pour construire des embarcations et également pour faire, à partir de la partie externe des chaumes coupée en lamelles, des cordes connues pour leur résistance, des sandales, des paniers, des nattes et d’autres objets.
Cette plante, depuis quelques années, fait aussi l’objet d’études en raison de son grande aptitude à éliminer les substances polluantes contenues dans l’eau.
Synonymes : Chlorocyperus papyrus (L.) Rikli (1895)
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