Cytinus hypocistis

Famille : Cytinaceae


Texte © Prof. Pietro Pavone

 


Traduction en français par Jean-Marc Linder

 

Présent en milieux méditerranéens jusqu'à environ 800 m, Cytinus hypocistis est un parasite du Ciste à fleurs blanches et d'autres Cistacées comme Halimium halimifolium.

Présent en milieux méditerranéens jusqu’à environ 800 m, Cytinus hypocistis est un parasite du Ciste à fleurs blanches et d’autres Cistacées comme Halimium halimifolium © Wolfgang Bettighofer

Cytinus hypocistis (L.) L. est une plante holoparasite, incapable de photosynthèse, de la famille des Cytinaceae A.Rich. elle-même incluse dans l’ordre des Malvales. Cette famille était classée dans l’ordre des Rafflesiales jusqu’à ce que des travaux moléculaires conduisent à la faire relever des Malvales (APG III, 2009).

Le genre Cytinus comprend huit espèces ; son aire de distribution, disjointe, est répartie en deux centres de diversité, l’un en région méditerranéenne (Cytinus hypocistis ; Cytinus ruber), l’autre en Afrique australe (Cytinus capensis ; Cytinus sanguineus ; Cytinus visseri) et à Madagascar (Cytinus baronii ; Cytinus glandulosus ; Cytinus malagasicus).

Cytinus hypocistis n'a pas de feuilles pour la photosynthèse et émet donc des filaments envahissant les racines de l'hôte. On ne la voit à l'air libre qu'au printemps pour la floraison.

Il n’a pas de feuilles pour la photosynthèse et émet donc des filaments envahissant les racines de l’hôte. On ne la voit à l’air libre qu’au printemps pour la floraison © Wolfgang Bettighofer

On manque de fossiles de Cytinus ; cependant, des estimations sur la base de données moléculaires (gènes nucléaires à copie unique) situent son origine il y a 72,1 millions d’années.

Cytinus hypocistis est une espèce des maquis et garrigues des régions méditerranéenne et macaronésienne, principalement sur sols siliceux, entre le niveau de la mer et 800 m d’altitude.

On la trouve notamment en Albanie, en Algérie, aux Baléares, en Crète, aux Canaries, en Corse, à Chypre, dans les îles de la mer Égée, en France, en Grèce, en Italie, en Yougoslavie, au Liban-Syrie, en Libye, au Maroc, au Portugal, en Espagne, en Tunisie et en Turquie.

La plante de Cytinus hypocistis ne dépasse pas 8 cm de hauteur. Ses fleurs voyantes, ici en boutons, sont groupées en un épi en capitule.

La plante ne dépasse pas 8 cm de hauteur. Ses fleurs voyantes, ici en boutons, sont groupées en un épi en capitule © joaoalmeida

Elle est un parasite obligatoire de plantes de la famille des Cistaceae comme Cistus monspeliensis ou Cistus salviifolius aux fleurs blanches, ou, aussi, d’espèces d’autres genres comme Halimium halimifolium.

Cytinus, le nom du genre, dérive du grec ancien κῠτῐνος (cytinos), cytinus, de kytos, vase creux, nom du calice de la fleur de grenade (Théophraste et Hippocrate) rappelant les fleurs de cette plante. Le terme hypocistis vient pour sa part du grec “ὑπὸ” (hypó), sous, et de Cistus, ciste, pour indiquer la présence de cette plante sous des cistes.

Le nom commun italien est ipocisto comune, ipocisto giallo, citino giallo. En anglais, on l’appelle rockrose parasite ; en français cytinelle, cytinet et en allemand, Gelber Zistrosenwürger.

Les fleurs de Cytinus hypocistis aux périgones jaunLes fleurs aux périgones jaunes à quatre dents contrastent élégamment avec les feuilles apicales rouges. Les fleurs mâles, aux périgones imbutiformes rétrécis sous les lobes, sont placées au centre et les fleurs femelles en périphérie.es à quatre dents mesurent 12-15 mm et contrastent élégamment avec les feuilles apicales rouges; les mâles, aux périgones imbutiformes rétrécis sous les lobes, sont placées au centre, les fleurs femelles en périphérie.

Les fleurs aux périgones jaunes à quatre dents contrastent élégamment avec les feuilles apicales rouges. Les fleurs mâles, aux périgones imbutiformes rétrécis sous les lobes, sont placées au centre et les fleurs femelles en périphérie © Wolff Christiane

Cette espèce a été valablement décrite en 1764 par Carlo Linneo (1707-1778) dans les Addenda à la sixième édition de Genera Plantarum (Gen. Pl., ed. 6. : 566 -1764).

Cytinus hypocistis est une petite plante vivace monoïque incapable de photosynthèse et donc parasite obligatoire d’une plante hôte (holoparasite), dont elle se nourrit.

Ses parties végétatives sont filamenteuses, comparables à des hyphes fongiques, et se développent à l’intérieur des racines de l’hôte. Cette structure endophytique est analogue à celle de Cytinus ruber, quelle que soit l’espèce hôte.

La plante n’est visible que pendant la floraison et ne dépasse pas 8 centimètres de hauteur.

La tige est courte, couverte de petites feuilles charnues, écailleuses, de 5 x 10-15 mm, alternes, sans stipules, largement oblancéolées, carénées, irrégulièrement dentées-ciliées et densément imbriquées, ce qui lui donne un aspect claviforme.

Les feuilles inférieures sont blanchâtres, les supérieures jaunâtres ou rougeâtres, en particulier sur la partie apicale. Les fleurs sont groupées en une inflorescence en épi en forme de capitule.

Les fleurs sont régulières et présentent un périgone jaune à quatre dents. Les fleurs mâles, situées à l’intérieur de l’inflorescence, mesurent 12-15 (17) mm ; leur périgone est en forme d’entonnoir et se rétrécit sous les lobes. 8 à 10 étamines sont soudées par les filaments pour former une colonne. Les fleurs femelles, au périgone papillaire en forme de flacon (lagéniforme), mesurent 12-15 mm et sont positionnées à la périphérie de l’inflorescence.

La floraison a lieu d’avril à mai. Le fruit est une sorte de baie jaune dont l’enveloppe provient du perigonium (fruit de l’acrosarpe). Les graines sont noyées dans une pulpe visqueuse. La pollinisation est principalement assurée par les fourmis qui, à la recherche de nectar, entrent en contact avec les organes reproducteurs.

Autrefois, Cytinus hypocistis était utilisée non seulement comme plante alimentaire, en particulier en période de disette, mais aussi dans un grand nombre de pratiques médicinales traditionnelles. En effet, des décoctions ou des tisanes servaient à traiter la dysenterie, des tumeurs de la gorge et des inflammations oculaires.

La pollinisation de Cytinus hypocistis est assurée principalement par les fourmis. La plante, consommée autrefois surtout en période de famine, présente diverses propriétés médicinales.

La pollinisation est assurée principalement par les fourmis. La plante, consommée autrefois surtout en période de famine, présente diverses propriétés médicinales © faluke

Des travaux récents ont confirmé les propriétés antibactériennes, antioxydantes, antidiabétiques, anti-inflammatoires et antiprolifératives de cette plante.

On connaît actuellement cinq sous-espèces valides deCytinus hypocistis : Cytinus hypocistis subsp. hypocistis ; Cytinus hypocistis subsp. macranthus Wettst. (Algérie, Maroc, Portugal, Espagne, Tunisie) ; Cytinus hypocistis subsp. orientalis Wettst. ex Hayek (Chypre, Crète, Egée orientale, Grèce, Liban, Libye, Turquie) ; Cytinus hypocistis subsp. pityusensis Finschow (Baléares) ; Cytinus hypocistis subsp. subexsertum Finschow ex G.Kunkel (Canaries).

Synonymes: Asarum hypocistis L. (1753) ; Hypocistis hypocistis (L.) Linding. (1926) ; Thyrsine hypocistis (L.) Walp. (1852).