Famille : Orchidaceae
Texte © Prof. Pietro Pavone
Traduction en français par Michel Olivié
Cattleya percivaliana (Rchb.f.) O’ Brien (1883) est une espèce de la famille des Orchidaceae, de la sous-famille des Epidendroideae, de la tribu des Epidendreae et de la sous-tribu des Laeliinae.
De récentes études phylogénétiques portant sur la sous-tribu des Laeliinae ont totalement modifié la délimitation du genre Cattleya dans lequel on a inclus touts les espèces du genre Sophronitis et les espèces brésiliennes de Laelia.
Cassio van den Berg (Phytotaxa 2014, 186 : 75-86) a subdivisé le genre Cattleya en quatre sous-genres (Cattleya, Cattleyella, Intermediae, Maximae), trois sections (Cattleya, Crispae, Lawrenceanae) et cinq séries (Cattleyodes, Hadrolaelia, Microlaelia, Parviflorae, Sophronitis). Conformément à cela Cattleya percivaliana fait partie du sous-genre Cattleya, section Cattleya.
Cattleya percivaliana est une espèce endémique des montagnes du Nord-Ouest du Venezuela (États de Tachira, de Trujillo, de Mérida et de Lara). Elle est également présente dans la Colombie voisine. Elle pousse sur les arbres et les rochers recouverts de mousse, dans des lieux très éclairés et ensoleillés où l’humidité de l’air est élevée, spécialement dans les fonds de vallée, le long des fleuves et entre 1400 et 2000 m d’altitude.
Cette plante a été découverte en 1881 par le cueilleur professionnel William Arnold au cours d’une de ses expéditions au Venezuela, dans la cordillère de Mérida, près du lac de Maracaibo, à une altitude de 1300 m, dans des zones particulièrement humides au climat chaud et brumeux.
Arnold travaillait pour le pépiniériste Henry Frederick Conrad Sander (1847-1920) connu sous le nom de roi des orchidées de Saint Albans (Hertfordshire, Angleterre) qui, avec ses 23 cueilleurs à travers le monde (la moitié d’entre eux mourut au travail, y compris William Arnold qui se noya dans le fleuve Orénoque en Amérique du Sud), importa dans sa pépinière entre 1880 et 1890 plus de deux millions d’orchidées. Dès qu’il l’eut découverte Arnold, convaincu d’avoir trouvé une nouvelle espèce d’orchidée, expédia environ 20 exemplaires à Sander qui s’empressa de les envoyer à son ami et consultant botanique Heinrich Gustav Reichenbach (1823-1889) pour qu’il en fasse une description botanique correcte.
Reichenbach toutefois n’accepta pas de considérer ces échantillons comme appartenant à une espèce nouvelle mais seulement à une variété en alléguant que les fleurs qui lui étaient parvenues n’avaient pas les caractéristiques distinctives d’une véritable espèce. Et en fait, le 17 juin 1882, il présenta à la rédaction de la revue horticole “The Gardener’s Chronicle” la description de Cattleyana labiata var. percivaliana Rchb. f. qu’il dédia à Mr R.P. Percival de Cleveland, un célèbre cultivateur anglais.
Frederick Sander se mit en colère car il espérait que ce serait une nouvelle espèce étant donné qu’elle lui aurait procuré de plus grandes rentrées d’argent alors qu’en tant que variété sa valeur commerciale aurait été très inférieure.
En 1883 l’horticulteur James O’Brien (1842-1930), sur la base de ses observations sur les plantes fleuries en Angleterre, éleva cette variété au rang d’espèce dans la même revue “The Gardener’s Chronicle” où Reichenbach la mentionna pour la première fois. Sander en fut satisfait et Percival, flatté d’avoir une orchidée à son nom, la présenta dans diverses expositions. En 1884, un avant sa mort, il reçut deux importants certificats de qualité FCC (First Class Certificate, Certificat de première classe) de la “Royal Horticultural Society (RHS)”. L’un a été décerné à un spécimen (un clone) aux grandes fleurs de couleurs vives et l’autre à un clone aux fleurs blanches.
Cattleya percivaliana est une espèce exclue du commerce, ses populations dans la nature ayant fortement diminué à cause de sa cueillette intensive et également de la destruction de son habitat.
Elle a été inscrite comme telle dans l’Appendice II de la Convention de Washington (CITES) qui s’est donné pour but de protéger les espèces animales et végétales menacées d’extinction en interdisant leur exportation et leur détention.
Le nom du genre Cattleya a été donné en l’honneur de Sir William Catlley (1788-1835), un mécène anglais de la floriculture et un des premiers à avoir constitué en Angleterre une riche collection d’orchidées exotiques. L’épithète de l’espèce, comme indiqué plus haut, a été dédié à Mr R. P. Percival. Elle est connue communément sous le nom d’ “Orchidée de Noël”ou de “Cattleya de Percival”.
Cattleya percivaliana est une plante à la croissance sympodiale, lithophyte, rarement épiphyte, haute de 20 à 40 cm, dont les racines relativement charnues portent des taches vertes et brillantes et sont capables d’absorber l’eau contenue dans l’air grâce à leur couche superficielle spongieuse et perméable formée de cellules mortes ( le vélamen). Les pseudo-bulbes sont clavés, longs de 10 à 12 cm, plus larges au centre, verts et ont une seule feuille rigoureusement oblongue-elliptique, rigide, sub-érigée, obtuse et longue de 20 à 25 cm.
Pour réduire la perte d’eau cette espèce, de la même façon que beaucoup d’autres de sa famille, a adopté la photosynthèse de type CAM ( Crassulacean Acid Metabolism), un processus qui s’effectue les stomates fermés,ceux-ci ne s’ouvrant que la nuit pour permettre les échanges gazeux (CO2, O2) avec un minimum de perte de vapeur d’eau.
L’inflorescence, constituée de 2 à 4 fleurs ou davantage, est racémeuse, terminale et entourée en partie d’une grande gaine basale longue jusqu’à 25 cm.
Les fleurs, d’un diamètre d’environ 12 cm, ont des pétales violets à mauve clair mais aussi de couleur lavande ou lilas (blancs chez certaines variétés). Les sépales sont souvent un peu plus clairs. Le labelle est en forme de trompette. Son lobe antérieur, de couleur pourpre incarnat, est teinté de marron et tacheté de jaune. Il est plus foncé à l’intérieur.
Les pollinies, comme chez les autres espèces de ce genre, sont au nombre de quatre. Le fruit est une capsule qui contient de très nombreuses petites graines.
Les fleurs sont bien connues pour leur odeur épicée particulière qui ressemble à celle des punaises. Souvent, en effet, des insectes blessés dégagent des odeurs spécifiques qui sont écoeurantes mais qui peuvent être perçues par d’autres organismes qui s’en nourrissent comme par exemple les guêpes. Ces organismes sont attirés par l’odeur de la plante qui imite celle de la proie mais même s’ils ne reçoivent aucune récompense la plante a entre temps assuré sa descendance.
Une étude portant sur les nectars a démontré que des nectars sont présents sur les tépales de Cattleya percivaliana.
L’analyse chimique des exsudats de ces nectars a révélé la présence de fructose, de glucose et de saccharose. Selon certains auteurs ces nectars floraux se trouvent dans les plantes pollinisées par des insectes (en général des abeilles pollinisatrices), des oiseaux et des chauves-souris. Suivant d’autres auteurs il semble n’exister aucune corrélation entre le contenu sucré des exsudats et les pollinisateurs.
On sait en effet que les facteurs qui attirent les pollinisateurs sont le parfum, la forme et la couleur des fleurs. Ces exsudats, par contre, peuvent attirer des fourmis qui s’en nourrissent mais peuvent en même temps repousser des animaux qui nuisent à cette plante (des parasites).
La période de floraison de cette orchidée varie selon les latitudes. Au Venezuela elle fleurit au mois d’octobre. Aux États-Unis elle commence à fleurir en novembre et en Europe en décembre et janvier. Cattleya percivaliana d’habitude pousse avec vigueur et fleurit facilement. Ses fleurs peuvent durer jusqu’à quatre semaines. Autrefois cette espèce servait de base à la confection de fleurs coupées mais aujourd’hui on préfère celles, plus grandes, que l’on obtient à partir de ses nombreux hybrides.
Vu qu’il s’agit d’une plante lithophyte on peut la cultiver en pot en utilisant un substrat formé d’un mélange d’un tiers d’écorce de pin broyée finement, d’un tiers de charbon de bois en petits morceaux et d’un tiers de gravier auxquels on ajoute des fibres de noix de coco. Il est nécessaire d’assurer un très bon drainage car l’eau stagnante abîment ses racines. Pour éviter ce genre de problème on peut la planter dans une corbeille ou l’attacher à un tronc mais ces procédés nécessiteront un plus grand nombre d’arrosages.
Il convient de la cultiver à un emplacement à demi ensoleillé car sous nos latitudes la lumière du soleil à midi pourrait endommager ses feuilles.
Les températures moyennes de ses régions d’origine se situent aux environs de 23 à 26 °C pour les maximales et de 12 à 14 °C pour les minimales. L’humidité y est relativement élevée toute l’année. Quand elle est cultivée on a constaté que cette plante exige des températures plus élevées que les températures moyennes et qu’elle pousse bien avec une humidité ambiante d’environ 80 % que l’on peut obtenir en installant un dispositif simple d’humidification.
Pendant l’automne et l’hiver la fréquence et les quantités d’arrosage doivent être réduites afin de ne pas abîmer les racines et de faciliter la maturation complète des pseudo-bulbes.
Tous les trois ans il convient de procéder au printemps à un rempotage de façon à ce que les racines des nouvelles pousses puissent se former aussitôt après. En été cette plante doit être arrosée régulièrement et fertilisée par voie racinaire avec des engrais minéraux toutes les deux ou trois semaines afin de stimuler la floraison.
Cattleya percivaliana est une superbe orchidée dont les éléments floraux sont pleins et plats bien qu’ils soient plus petits que ceux des autres espèces de ce genre. Cette forme spécifique a attiré l’attention des hybrideurs qui, du fait de sa valeur décorative, s’en sont servis pour générer un grand nombre de variétés et de formes hybrides.
On peut la reproduire au moyen de ses graines mais aussi in vitro par micro-propagation ou bien en divisant le rhizome avec au moins 3 ou 4 pseudo-bulbes. Parmi les très nombreux cultivars et variétés les plus beaux ont des sépales et des pétales dont la couleur vive lilas rosé contraste avec la couleur du labelle qui est beaucoup plus variable et qui va d’une teinte presque entièrement rouge pourpre à une teinte jaune doré avec des lignes foncées.
Cattleya percivaliana var. albescens a des pétales et des sépales blancs et un labelle jaune à l’extérieur et orange foncé bordé de blanc à l’intérieur.
Cattleya percivaliana var. coerulea est une variété très rare qui présente des pétales et des sépales légèrement bleuâtres, un labelle violacé avec une gorge de couleur ocre et une gueule jaune.
Cattleya percivaliana var. semialba a des pétales et des sépales blancs symétriques et un beau labelle de teinte rosée qui contraste avec le bord de couleur claire.
Cattleya percivaliana ‘Remolacha’ a des sépales blancs avec un bord rose et des pétales également blancs avec des veinures et un labelle roses.
Cattleya percivaliana ‘Carache’ a des pétales et des sépales blancs et un labelle d’une couleur vive qui ressemble à celle du vin de Bordeaux.
Cattleya percivaliana ‘Sonia de Urbano’ a des pétales et des sépales blancs avec une faible trace de pigment rose et un labelle de couleur orange à l’intérieur.
Parmi les cultivars récemment primés on peut citer : Cattleya percivaliana ‘Summit’ (7 prix de 1972 à 2013); Cattleya percivaliana ‘Graue’ (5 prix de 2011 à 2014); Cattleya percivaliana ‘Carla Porto’ (4 prix de 2015 al 2018) avec des pétales et des sépales roses: Cattleya percivaliana ‘Nega Chocolate’ (2018) avec des sépales et des pétales blancs et une tache jaune sur le labelle; Cattleya percivaliana ‘Sublime’ (2018); Cattleya percivaliana ‘Amalia’ (2017); Cattleya percivaliana ‘Sophia’ (2017); Cattleya percivaliana ‘Berggarten’ (2017).
Synonymes : Cattleya labiata var. percivaliana Rchb.f. (1882); Cattleya percivaliana f. alba (R.Warner & B.S.Williams) M.Wolff & O.Gruss (2007); Cattleya percivaliana f. bicolor (Rolfe) M.Wolff & O. Gruss (2007); Cattleya percivaliana var. alba R.Warner & B.S.Williams (1884); Cattleya percivaliana var. bicolor Rolfe (1886); Cattleya percivaliana var. grandiflora Cogn. & A.Gooss. (1903).
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