Cattleya coccinea

Famille : Orchidaceae


Texte © Prof. Pietro Pavone

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Cattleya coccinea est endémique d'Argentine et du Brésil.

Cattleya coccinea est un endémisme du Nord-Est de l’Argentine et du Sud-Est du Brésil le long de la chaîne de montagne côtière de la Serra do Mar © Luiz Filipe Varella

Cattleya coccinea Lindl. (1836) est une espèce de la famille des Orchidaceae, de la sous-famille des Epidendroideae, de la tribu des Epidendreae et de la sous-tribu des Laeliinae.

De récentes études phylogénétiques portant sur la sous-tribu des Laeliinae ont modifié radicalement  la délimitation du genre Cattleya dans lequel on a intégré toutes les espèces du genre Sophronitis et les espèces brésiliennes de Laelia. En effet, il y a peu de temps encore, Cattleya coccinea était connue sous le nom de Sophronitis coccinea (Lindl.) Rchb. f . (1862) mais il s’est avéré nécessaire de la reclasser sur la base d’études de phylogénétique moléculaire.

Cattleya coccinea est une petite orchidée rhizomateuse.

C’est une petite orchidée rhizomateuse, épiphyte ou lithophyte sur des rochers moussus qui pousse sur les versants humides tournés vers la mer, de 600 à 900 m d’altitude © Eduardo Luis Masiero

Cassio van den Berg (Phytotaxa 2014, 186 : 75-86) a subdivisé le genre Cattleya en quatre sous-genres (Cattleya, Cattleyella, Intermediae et Maximae), trois sections (Catlleya, Crispae et Lawrenceanae) et cinq séries (Catlleyodes, Hadrolaelia, Microlaelia, Parviflorae et Sophronitis). Conformément à ce classement Cattleya coccinea fait partie du sous-genre Cattleya, de la section Crispae et de la série Sophronitis.

Cattleya coccinea est une espèce endémique du Nord-Est de l’Argentine et du Sud et du Sud-Est du Brésil.

Cattleya coccinea ne dépasse pas 10 cm de hauteur.

Catteleya coccinea est une plante haute de 8 à 10 cm avec des pseudo-bulbes appressés et fusiformes dont chacun a une seule feuille, coriace et longue d’environ 5 cm © Luiz Filipe Varella

On la trouve en particulier dans les États brésiliens de Espirito Santo et de Santa Catarina, le long de la chaîne de montagne côtière de la Serra do Mar où elle pousse sous forme d’épiphyte sur les arbres de la forêt littorale tropicale  (la mata atlantica) et aussi sous forme de lithophyte sur des rochers recouverts de mousse, de 650 à 1750 m d’altitude.

Elle est également présente dans les États  de Rio Grande do Sul, de Parana, de San Paolo et de Minas Gerais sur des versants tournés vers la mer et dans une bande d’environ 3 à 5 km de large à des altitudes comprises entre 600 et 900 m.

Les fleurs de Cattleya coccinea sont pollinisées par un colibri.

La pollinisation est assurée par le Chlorostildon lucidus, un colibri attiré par les fleurs qui flamboient dans le vert de la forêt mais n’offrent pas de nourriture en échange © Howard Rice

Dans ces zones le climat est très humide à cause des alizés de Sud-Est qui remontent le long des parois montagneuses et se condensent en formant des nuages et en s’accompagnant  de pluies fines qui ressemblent à du brouillard. Cattleya coccinea pousse sur les arbres hauts en général de 5 à 15 m, au tronc de 10 à 30 cm de diamètre et généralement recouverts de mousse depuis le sol jusque presque au sommet.

Cattleya coccinea est une espèce exclue du commerce car elle est en danger d’extinction dans la nature et figure comme telle dans l’Appendice II de la Convention de Washington (CITES) qui a pour but de protéger les espèces animales et végétales menacées d’extinction en interdisant leur exportation et leur détention.

La fleur de Cattleya coccinea, non parfumée, mesure 5 à 6 cm de large.

La fleur non parfumée, de 5 à 6 cm de large, a des pétales arrondis rouge vif. Le labelle tubulaire a des touches de couleur jaune orangé avec des lignes rouges typiques © Giuseppe Mazza

Le premier exemplaire de ce genre a été récolté dans la nature sur les montagnes situées à peu de distance de Rio de Janeiro et est parvenu en 1818 en Angleterre entre les mains de Sir William Jackson Hooker (1783-1865) qui le fit fleurir dans sa serre au Suffolk mais il ne décrivit pas cette plante et ne publia rien à son sujet.

Par la suite Sir William Cattley (1788-1835), un mécène de la floriculture et l’un des premiers à constituer une riche collection d’orchidées exotiques se procura une bouture de cette plante qui fleurit dans son jardin à Bamet en 1823.

Cattleya coccinea "Marsh Hollow" est un clone apparu spontanément en culture

Cattleya coccinea “Marsh Hollow” est un clone apparu spontanément en culture © Ron Parsons

À la différence de Hooker il s’empressa de l’envoyer au botaniste John Lindley (1799-1865) qui la décrivit aussitôt sous le nom de Cattleya labiata Lindl. (1824) et créa un nouveau genre qu’il voulut dédier expressément à Sir Cattley.

À partir de là les Cattleya entrèrent dans le domaine de la collection du fait de la beauté de leurs fleurs très colorées et de grande taille et reçurent le nom de “Reines des orchidées”.

Cette fleur si spectaculaire devint même une sorte de signe distinctif des femmes de la noblesse anglaise de l’époque qui aimaient l’exhiber à la boutonnière de leurs habits.

Cattleya coccinea f. flava. La forme jaune, très convoitée par les collectionneurs.

Cattleya coccinea f. flava. La forme jaune, très recherchée par les collectionneurs, est encore assez rare en culture © Ron Parsons

Le nom du genre Cattleya, comme indiqué précédemment, vient de Sir Cattley alors que l’épithète de l’espèce, du latin  coccineus dérivé de coccinus, de couleur rouge écarlate, fait référence à la couleur de ses fleurs.

Elle est connue communément sous le nom de ” Sophronite écarlate” ou bien de ” Cattleya écarlate”.

Catteleya coccinea est une plante à la croissance sympodiale, de petites dimensions, haute de 8 à 10 cm, rhizomateuse et aux pseudo-bulbes fusiformes et appressés. Chaque pseudo-bulbe a une seule feuille qui est érigée, elliptique, coriace, longue d’environ 6 cm et de couleur vert foncé avec une nervure centrale rouge.

Cattleya coccinea f. ‘Laranja’

Floraison spectaculaire de Cattleya coccinea f. “Laranja” © Ron Parsons

Pour réduire la perte d’eau pendant les mois d’hiver cette plante a adopté la photosynthèse de type CAM (Crassulacean Acid Metabolism), un processus qui s’effectue les stomates fermés, ceux-ci ne s’ouvrant que la nuit pour permettre les échanges gazeux (CO2, O2) avec une perte minimale de vapeur d’eau.

La tige de l’inflorescence porte une fleur unique, sans parfum, d’un diamètre de 5 à 6 cm et aux pétales arrondis de couleur rouge vif. Le labelle est tubulaire, trilobé et central et a des teintes qui vont du jaune à l’orange avec des lignes rouges. Les sacs polliniques sont au nombre de deux. La floraison a lieu entre la fin de l’hiver et le début du printemps et peut durer plus de 45 jours.

Sophrocattleya Georges Hardy

Sophrocattleya Georges Hardy est issu du croisement Cattleya aclandiae x Cattleya coccinea © Giorgio Armano

La conformation de la fleur est associée à l’ornithophilie. On a constaté sur le terrain que la pollinisation est assurée par le “Colibri émeraude au ventre doré” (Chlorostilbon lucidus Shaw, 1812) qui est attiré par ruse étant donné qu’il est à la recherche de nourriture et ne reçoit pas de récompense.

Cattleya coccinea Lindl. est en raison de ses fleurs lumineuses et écarlates une orchidée très décorative qui présente un grand intérêt pour les collectionneurs et les cultivateurs d’orchidées. Elle est, d’autre part, très utilisée pour la création d’hybrides car la couleur rouge de ses fleurs est dominante et se maintient chez ses descendants.

Elle a en effet été très employée par les hybrideurs qui l’ont croisée avec d’autres espèces de Cattleya et de Laelia. Les hybrides ainsi obtenus ont été appelés respectivement x Sophrocattleya et x Sophrolaelia.

En raison du transfert de genre de Sophronitis à Cattleya  et de certaines espèces de Laelia à Cattleya ces hybrides sont aujourd’hui répertoriés en tant que Cattleyae hybrides ou, dans quelques cas, en tant que x Laeliocattleya.

Cattleya coccinea est considérée comme étant une espèce qu’il est difficile à cultiver et qui ne convient que pour des spécialistes. Quand elle est cultivée elle a besoin d’une lumière tamisée, sans jamais être exposée directement au soleil, de températures comprises entre 10 et 30 °C, d’une forte humidité ambiante (environ 75 à 80%) et d’une bonne aération. Le substrat doit être d’un type qui convient aux orchidées épiphytes (par exemple de l’écorce de pin maritime) et complété par de la mousse de sphaigne afin de pouvoir retenir l’humidité et en même temps assurer l’aération.

Ces plantes doivent être arrosées régulièrement mais il convient entre deux arrosages d’attendre que le substrat se soit légèrement desséché afin de ne pas faire pourrir les racines.

L’apport d’engrais doit être fait avec des produits organiques solubles spéciaux pour orchidées mais, comme il s’agit de petites plantes, on doit les employer avec modération.

Cattleya coccinea hybride.

Difficile à cultiver Cattleya coccinea est à l’origine d’hybrides avec d’autres espèces de Cattleya et de Laelia. Ici Sc. Belfort x Sophronitis coccinea © Sylvio Rodrigues Pereira

La multiplication s’effectue facilement en divisant les touffes et en laissant à chaque nouvelle plantule au moins 4 pseudo-bulbes arrivés à maturation et un bourgeon en croissance. Au niveau commercial on multiplie cette plante en laboratoire au moyen de méristèmes ou en faisant germer ses graines.

Synonymes : Sophronitis grandiflora Lindl., 1838, nom. superfl.; Cattleya grandiflora (Lindl.) Beer, 1854; Sophronitis coccinea (Lindl.) Rchb.f., 1862; Sophronia coccinea (Lindl.) Kuntze, 1891; Hadrolaelia coccinea (Lindl.) Chiron & V.P.Castro, 2002; Sophronitis militaris Rchb.f., 1862; Sophronitis rossiteriana Barb.Rodr., 1877; Sophronia militaris (Rchb.f.) Kuntze, 1891; Sophronitis coccinea f. rossiteriana (Barb.Rodr.) Pabst & Dungs, 1972; Cattleya coccinea var. rossiteriana (Barb.Rodr.) Van den Berg, 2008.

 

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