Famille : Rajidae
Texte © Giuseppe Mazza
Traduction en français par Michel Olivié
Raja undulata Lacépède, 1802, connue sous les noms de Raie ondulée et de Raie brunette et confondue communément souvent avec d’autres espèces, appartient comme les requins à la classe des Chondrichthyes, celle des poissons cartilagineux, à l’ordre des Rajiformes et à la famille des Rajidae qui comprend plus de 150 espèces de raies ovipares.
Comme les petites roussettes celles-ci, en effet, abandonnent au fond de la mer leurs oeufs qui sont protégés par de solides capsules cornées alors que chez les raies ovovivipares, comme par exemple dans l’ordre des Myliobatiformes le grand Aetobatus ocellatus qui appartient à la famille des Aetobatidae ou la multicolore Taeniura lymma aux dimensions similaires qui est incluse dans les Dasyatidae, les embryons grandissent à l’intérieur du ventre maternel.
Raja ( ou plutôt Raia) est le nom que les Romains donnaient aux raies alors que le nom de l’espèce undulata, ondulée en latin, fait référence au motif sinueux caractéristique des lignes foncées situées sur le dos de ce poisson bien qu’il s’agirait selon certains d’une allusion aux ondulations effectuées par ses grandes nageoires pectorales lors de la nage.
Zoogéographie
La raie ondulée est présente dans l’Est de l’Atlantique, du Sud de l’Irlande et de l’Angleterre jusqu’aux Canaries et au Sénégal, y compris la Méditerranée où elle est plus fréquente du côté Ouest mais atteint aussi les côtes de la Grèce, d’Israël et du Liban.
Écologie-Habitat
C’est une espèce démersale nocturne qui se cache pendant les heures de la journée sous les fonds sableux ou constitués de gravier entre 50 et 200 m de profondeur environ en ne laissant affleurer que ses yeux pour observer les alentours au cas où il y aurait des prédateurs ou des proies de passage.
Morphophysiologie
La taille normale d’une Raie ondulée se situe aux environs de 60 à 80 cm avec un poids de 4 à 5 kg mais il existe un record de 100 cm et de 10 kg.
Le corps, aplati dorso-ventralement, est sub-circulaire et nettement moins rhomboïdal que d’autres raies. Le rostre, dont l’extrémité est à peine marquée, est lui aussi arrondi sur les côtés.
Le côté dorsal est rugueux parce que recouvert de denticules dermiques qui prennent la forme d’épines sur la ligne médiane dorsale qui se prolongent ensuite sur le robuste appendice caudal presque aussi long que le disque.
Sur la couleur de fond, en général marron mais aussi verdâtre ou grise, se détache un motif spécifique constitué de lignes noires sinueuses comportant des points blancs sur le bord auxquelles s’ajoutent des taches blanches et des zones foncées, en particulier sur la tête, qui accroissent l’effet mimétique.
Les yeux, saillants et dépourvus de membrane nictitante, sont encadrés d’un spiracle très visible qui pompe l’eau chargée d’oxygène en direction des branchies. L’eau sort ensuite des fentes branchiales ce qui maintient la propreté des organes respiratoires aussi lorsque le poisson se repose enfoui dans des fonds boueux.
Le côté ventral, lisse en grande partie, est blanc ce qui fait qu’il se confond, vu du bas, avec le scintillement de la mer quand le poisson est en train de nager.
À la différence des requins les nageoires pectorales ne partent pas du dos mais sont soudées à la tête et sous celles-ci on observe les pores de sortie des ampoules de Lorenzini. Ils ne sont pas nombreux mais, disposés sur une ligne ondulée, ils suffisent à détecter les champs magnétiques émis par les petites proies benthiques.
Chez les mâles les petites nageoires ventrales ici aussi comportent à leur base les deux ptérygopodes copulatoires servant à véhiculer le sperme.
Il n’y a pas de nageoire anale. Les nageoires dorsales, de dimensions modestes, sont placées à l’extrémité de la queue, bien espacées et parfois séparées par deux épines mais, à la différence de beaucoup de raies, comme tous les Rajidae, la queue ne s’achève pas par une épine venimeuse.
Sur la face ventrale, au-dessus des 5 fentes branchiales disposées de chaque côté, s’ouvre la bouche qui est légèrement arquée, tapissée de dents effilés et plates. Chez les mâles la mâchoire supérieure comporte 40 à 50 rangées de dents très serrées et les dents du centre sont plus longues et pointues peut-être pour accrocher les femelles lors de l’accouplement.
Éthologie-Biologie reproductive
Raja undulata se nourrit en fouillant les fonds de crustacés et de mollusques mais aussi de petits poissons qu’elle chasse souvent à l’affût.
La fécondation ventre contre ventre a lieu au printemps en Méditerranée et au cours des mois d’été dans la Manche où les températures sont plus basses.
À la différence de la Raie Manta géante (Mobula birostris) qui l’expédie en deux minutes l’accouplement dure longtemps, le mâle restant attaché une heure environ avec un de ses ptérygopodes au cloaque de sa partenaire.
25 jours environ plus tard la femelle commence à pondre : en général deux oeufs à la fois pendant plusieurs semaines pour un total de 80 œufs environ.
Ils sont protégés par un étui corné rouge brique foncé, large de 45 à 52 mm et long de 82 à 90 mm compte non tenu des appendices situés aux deux extrémités et ressemblant à des cornes. Ils sont abandonnés sur des fonds sableux. Les petits nourris grâce aux réserves vitellines naissent environ 3 mois après à condition qu’une tempête ne jette pas auparavant leur étui sur les plages.
On a constaté en aquarium qu’ils sortent d’une fente transversale située entre les cornes. Ils mesurent environ 14 cm et ont une espérance de vie de 13 ans bien que certains chercheurs, en se basant sur l’analyse des vertèbres, estiment que la Raie ondulée peut atteindre 20 à 23 ans.
Ce qui est sûr c’est que sa croissance est très lente et que les juvéniles sont souvent pêchés avant leur maturité sexuelle. Le chalutage fait des ravages ce qui fait qu’en 2022 son indice de vulnérabilité à la pêche s’établissait déjà à 86 sur une échelle de 100.
Sa résilience elle aussi est faible, le temps minimal nécessaire au doublement de ses effectifs étant de 4,5 à 14 ans. Il en résulte malheureusement que Raja undulata figure en tant qu'”Endangered”, c’est-à-dire en danger d’extinction, dans la Liste Rouge de l’UICN.
Synonymes
Raja picta Lacepède, 1802; Raja mosaica Lacepède, 1802; Raja fenestra Rafinesque, 1810.
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