Simnia spelta

Famille : Ovulidae


Texte © Dr. Domenico Pacifici

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Crue un temps endémique de la Méditerranée Simnia spelta a été aperçue récemment aussi dans l'Atlantique, en Espagne, sur la côte de la Galice et dans le golfe de Gascogne, aux Canaries et même en Angola

Crue un temps endémique de la Méditerranée Simnia spelta a été aperçue récemment aussi dans l’Atlantique, en Espagne, sur la côte de la Galice et dans le golfe de Gascogne, aux Canaries et même en Angola © Giuseppe Mazza

Simnia spelta Linnaeus, 1758 est un gastéropode marin appartenant à la famille Ovulidae qui renferme au moins 74 genres.

Le nom Simnia est une abréviation du terme grec “σκύμνια” (scymnia) = enroulement alors que spelta fait allusion à la forme du grain de l’épeautre Tricum aestivum var. spelta Linnaeus, 1758, dont elle a pris le nom.

Zoogéographie

Pendant longtemps elle fut considérée comme une espèce endémique exclusivement européenne majeurement concentrée dans certains secteurs de la mer Adriatique et le bassin occidental de la Méditerranée.

Le début toutefois des années 2000 vit le début d’une série de découvertes de cette espèce dans l’océan Atlantique, en Espagne, sur la côte de la Galice et dans le golfe de Gascogne, aux Canaries et en Angola.

Écologie-Habitat

Ce petit mollusque est un prédateur spécifique de polypes de gorgones des genres Eunicella, Paramuricea et Lophogorgia.

Elle se nourrit aussi du tissu de couverture conjonctif des gorgones qu’elle broute lentement avec sa  langue épineuse, un organe typique des mollusques qui porte le nom de radula.

Elle passe toute son existence sur les gorgones dont elle se nourrit à une profondeur maximale de 10 m.

Morphophysiologie

Simnia spelta est un tout petit gastéropode mesurant au maximum 2 cm et doté d’une coquille solide, de forme fuselée, pointue à ses deux extrémités, légèrement renflée au milieu et caractérisée par une ouverture qui s’étend tout le long du côté inférieur du corps.

Cette coquille, brillante et de couleur blanche tendant vers le rose saumon, peut être recouverte par le manteau de l’animal quand il est en extension. Cet élargissement spécifique du manteau est généralement observé dans une autre famille très connue de ces mollusques, les Cypraeidae, avec qui il est facile de la confondre du fait aussi de la conformation identique de la coquille.

La voici vue de face. On voit bien le siphon respiratoire qui apporte l'eau aux branchies, la radula et les yeux situés à la base de deux longues excroissances mobiles portant des organes chimio-récepteurs qui analysent le milieu

La voici vue de face. On voit bien le siphon respiratoire qui apporte l’eau aux branchies, la radula et les yeux situés à la base de deux longues excroissances mobiles portant des organes chimio-récepteurs qui analysent le milieu © Giuseppe Mazza

Ce n’est donc pas sans raison que ces deux familles (Ovulidae et Cypraeidae) ont été rassemblées dans une seule super-famille qui porte le nom de Cypraeoidea.

Le manteau reproduit toujours les ponctuations et les rayures marbrées de la gorgone sur laquelle grandit l’animal, ce qui rend ce mollusque très cryptique et difficile à repérer par les prédateurs.

Cela est possible parce que les pigments de la gorgone subsistent dans les tissus du mollusque après qu’il a brouté la couche conjonctive de la gorgone à laquelle il est associé.

La tête, en plus de la radula, possède deux excroissances longues et bien visibles sur lesquelles se trouvent les yeux qui sont de couleur noire, la seule couleur qui soit différente de celle du reste du corps, et des organes chimio-récepteurs spécialisés dans l’analyse du milieu ambiant. Elle est surmontée du siphon respiratoire qui est constitué d’une lamelle membraneuse repliée sur elle-même de façon à former un tube.

Le siphon a pour fonction d’aspirer l’eau environnante qui va irriguer les branchies du mollusque, les cténidies ou branchies en forme de peignes.

La conformation particulière des branchies permet de déplacer l’eau dans des directions bien précises et d’optimiser ainsi l’absorption de l’oxygène.

Éthologie-Biologie reproductive

Les individus appartenant à cette espèce ont des sexes bien distincts. La fécondation est interne.

Les œufs sont pondus sur les branches des gorgones. Pour faciliter leur camouflage ils ont la même couleur que les gorgones auxquelles l’espèce est associée.

Les capsules ovigères ont un diamètre de quelques millimètres et sont déposées dans les ramifications des gorgones.

Chaque capsule contient une dizaine d’œufs qui, juste après la ponte, sont blanchâtres mais qui, ensuite, avec le processus du développement embryonnaire, deviennent de couleur brun rougeâtre.

À noter le pied et le manteau en extension. Comme chez les cypréidés unis aux Ovulidae dans la super-famille Cypraeoidea il peut ici aussi recouvrir la coquille

À noter le pied et le manteau en extension. Comme chez les cypréidés unis aux Ovulidae dans la super-famille Cypraeoidea il peut ici aussi recouvrir la coquille © G. Mazza

Les embryons se développent sous la forme de larves planctoniques et passent par la suite par un stade juvénile appelé véliger avant de devenir adultes.

Le véliger est un stade planctonique très répandu chez les gastéropodes. La larve est dotée d’une petite coquille, d’un pied, d’yeux et d’une excroissance laminaire pré-orale spécifique bordée de cils appelée velum grâce à laquelle la larve peut rester en suspension dans l’eau et transporter vers sa bouche des particules alimentaires.

Simnia spelta est certainement un des gastéropodes les plus connus, même de façon inconsciente, par les amateurs ou non de ce genre d’animaux.

Simnia spelta atteint au maximum 2 cm. Sa coquille, solide, fuselée et pointue, est caractérisée par une ouverture qui court tout le long du côté inférieur du corps. Elle est brillante, d'une couleur blanche tendant vers le rose saumon alors que le manteau en incorporant leurs pigments prend la couleur des gorgones sur lesquelles elle broute

Simnia spelta atteint au maximum 2 cm. Sa coquille, solide, fuselée et pointue, est caractérisée par une ouverture qui court tout le long du côté inférieur du corps. Elle est brillante, d’une couleur blanche tendant vers le rose saumon alors que le manteau en incorporant leurs pigments prend la couleur des gorgones sur lesquelles elle broute © Giuseppe Mazza

Il n’est pas rare en effet de voir sa coquille brillante orner des colliers et des bracelets vendus sur les plages d’Europe, un phénomène qui a fait croître sa popularité même parmi les simples baigneurs.

Dans les années 1960 la découverte devenue difficile de spécimens jointe à une demande toujours plus grande de ce coquillage conduisit à un appauvrissement rapide des plages au point que l’on crut que sa disparition était inéluctable.

Toutefois, quand la pratique de la plongée sous-marine est devenue un loisir d’amateurs, il devint plus fréquent d’observer cette espèce dans son milieu naturel en même temps que d’autres espèces possédant des coquilles tout aussi uniques et fascinantes.

Eccola intenta al pasto su una gorgonia bianca. Un tempo ricercata per collane, Simnia spelta non è oggi una specie in pericolo

La voici en train de manger sur une gorgone blanche. Autrefois recherchée pour des colliers Simnia spelta n’est pas actuellement une espèce menacée © Laurent Toulouse

Ceci se traduisit, comme il est facile de le deviner, par un désintérêt général envers les coquillages en tant qu’ornement vu qu’ils n’avaient plus désormais cette aura de rareté qui les avaient tant singularisés jusqu’alors. Simnia spelta est donc redevenue une espèce florissante et, pour le moment, son risque d’extinction semble écarté.

Synonymes

Bulla spelta Linnaeus, 1758; Neosimnia spelta Linnaeus, 1758; Simnia nicaeensis Risso 1826; Ovulum secale Sowerby 1828; Ovula sowerbyana sensu Tryon, 1885 not Weinkauff, 1881; Ovula spelta var. lutea-roseocarnea Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1883; Ovula acicularis Tryon 1885; Ovula intermedia Tryon 1885; Ovula sowerbyana Tryon 1885; Ovula obsoleta Locard, 1891; Ovula spelta var. lutea Pallary 1900; Simnia spelta var. brevis Coen 1949.

 

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