Famille : Muraenidae
Texte © Giuseppe Mazza
Traduction en français par Michel Olivié
Membre atypique de la famille des Muraenidae, la Murène ruban (Rhinomuraena quaesita) Garman, 1888) appartient à la classe des Actinopterygii, les poissons aux nageoires rayonnées, et à l’ordre des Anguilliformes.
Le nom du genre Rhinomuraena vient du grec ancien “μυκτήρ” (rhinos), nez, et de “muraena” le nom latin par lequel les Romains désignaient les murènes, à cause des étranges appendices nasaux en éventail de ce poisson.
Le nom de l’espèce quaesita, cherchée, de “quaero”, chercher en latin, est aujourd’hui d’actualité non seulement parce qu’elle n’est pas facile à trouver, vu qu’elle se cache dans sa tanière en ne faisant affleurer que sa tête mais aussi parce qu’elle est l’une des espèces les plus recherchées par les photographes sous-marins, sans compter les aquariophiles.
Zoogéographie
Rhinomuraena quaesita a une très grande aire de répartition dans le bassin Indo-Pacifique tropical. On la trouve le long des côtes de la Tanzanie, de Madagascar, de la Réunion, de l’île Maurice, de Mayotte, des Seychelles et des Maldives. En direction de l’Est, elle est présente aux îles Andaman, en Indonésie, à l’île Christmas, au Timor oriental, aux îles Palaos, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Australie et en Nouvelle-Calédonie.
Côté Nord, après les Philippines et le Vietnam, elle atteint Taïwan, les îles Ryukyu, les îles Ogasawara et le Japon. En Océanie, après les îles Mariannes, elle est également présente aux îles Marshall, Tonga, Samoa et Cook, en Polynésie française et à Tuamotu.
Écologie-Habitat
La Murène ruban est un animal benthique qui aime les eaux chaudes des lagons et les fonds détritiques. Elle vit en général à de faibles profondeurs bien qu’elle ait été aperçue jusqu’à 67 m. Elle passe les trois quarts de la journée cachée dans un repaire d’où elle ne sort la tête que de temps en temps pour voir s’il y a des proies dans les environs.
Morphophysiologie
Inoffensive pour l’homme elle est très comprimée latéralement.
Elle possède 270 à 286 vertèbres et atteint 90 à 120 cm de long. Les nageoires dorsales, caudales et anales sont soudées entre elles et forment une longue crête qui part derrière la tête, longe le dos et se poursuit jusqu’à l’anus.
Comme chez toutes les murènes les nageoires pectorales et la nageoire ventrale sont absentes. Son corps, serpentiforme et dépourvu d’écailles, est doté d’un mucus qui la protège des ectoparasites et qui, en recouvrant peu à peu les parois de son repaire, permet à l’animal de glisser rapidement et sans dommage de haut en bas et de bas en haut de son trou.
Les ouvertures branchiales sont réduites à deux simples trous sur le cou et sont mises souvent bien en évidence grâce à un contraste chromatique et surtout par la respiration de l’animal qui dilate et gonfle cette zone.
Sa vue médiocre est compensée par un odorat excellent qui est assuré par ses deux grandes narines tubulaires se terminant par un éventail ovale et translucide et par des organes sensoriels spécifiques tels que les trois tentacules de la mâchoire inférieure et l’excroissance charnue et pointue située entre les narines et l’extrémité du museau.
Sa bouche comporte une seule rangée de dents maxillaires petites et fines, inclinées vers l’arrière, qui lui permettent d’attraper les petits poissons dont elle se nourrit. Elles ne conviennent naturellement pas à la mastication et elle avale donc ses proies entières comme les serpents.
À l’exception de la nageoire dorsale qui est toujours jaune quelle que soit la livrée la couleur du corps varie au cours de sa vie en passant par trois phases.
Les juvéniles sont noirs, les mâles ont une couleur bleu électrique et les femelles sont jaunes avec souvent encore un peu de bleu dans la partie terminale du corps. Celles-ci sont en réalité d’anciens mâles qui ont changé de sexe, un phénomène qui survient en général quand ils atteignent une longueur d’environ 90 cm.
Rhinomuraena quaesita est, en effet, comme la Dorade (Sparus aurata) une espèce hermaphrodite protandre : à leur naissance ces poissons possèdent les deux sexes mais les gonades mâles se développent les premières et c’est seulement plus tard que les gonades femelles prennent le relais.
Bien entendu tout cela s’accompagne de livrées intermédiaires. Au stade actuel de nos connaissances c’est la seule murène qui subit ces brusques changements de couleurs et de sexe.
Éthologie-Biologie reproductive
Rhinomuraena quaesita n’est pas une espèce territoriale. Elle se déplace souvent en effet d’une cachette à une autre dans des endroits différents et il n’est pas rare de trouver un repaire avec deux individus, qui ne sont pas nécessairement un mâle et une femelle, qui coexistent à l’intérieur.
Active surtout la nuit la Murène ruban se nourrit de petits poissons qu’elle détecte même dans une totale obscurité grâce à son odorat.
Les œufs sont pélagiques et les larves, dites leptocéphales, sont transparentes, en forme de feuille de saule et ont une tête très petite. Ces caractéristiques sont présentes chez tous les Anguilliformes et considérées comme archaïques dans l’histoire de l’évolution des poissons.
Bien qu’elle soit très recherchée par les aquariophiles la Murène ruban n’est absolument pas une espèce qui convienne à des aquariums domestiques. Elle est difficile à nourrir et de plus les animaux du commerce qui sont souvent capturés au moyen de cyanure sans respect pour l’environnement ont le foie abîmé et une vie brève.
En outre elle est considérée en 2022 comme une espèce en danger qu’il faut protéger étant donné sa très faible résilience, le temps minimal nécessaire au doublement des effectifs des populations décimées par des catastrophes étant supérieur à 14 ans. Il en résulte que son indice de vulnérabilité s’établit déjà à 73 sur une échelle de 100.
Synonymes
Rhinomuraena ambonensis Barbour, 1908.