Famille : Zamiaceae
Texte © Dr. Claudio Littardi
Traduction en français par Virginie Thiriaud
Ceratozamia latifolia Miquel (1848), est une espèce endémique du Mexique. Son habitat naturel est signalé dans des territoires proches de San Luis Potosi et Hildago, au sud-est de la région montagneuse du Querétaro, où la cycadale prospère à environ 850 m d’altitude, dans les forêts tropicales humides.
Elle pousse parmi les roches calcaires, dans des zones humides et escarpées, où la pluie et le brouillard sont fréquents même pendant les mois hivernaux les plus secs. Elle vit en association avec des fougères arborescentes, des philodendrons et d’autres plantes tropicales. Elle peut aussi pousser dans des niches entre les rochers, où se dépose de l’humus, ou sur les arbres, sous forme arboricole, grâce à la germination de graines portées par des oiseaux ou d’autres animaux qui se sont nourries du sarcotest, la partie externe charnue du tégument de la graine.
Le nom du genre Ceratozamia vient du grec “κέρας, -ατοϛ” (céras, cératos) = corne et “ἀζαίνω” (azaíno) ou “ἀζάνω” (azáno) = pomme de pin, en référence à ses caractéristiques structures reproductives comportant des sporophylles surmontées d’excroissances (cornes) et des strobiles rappelant ceux des conifères. Le nom de l’espèce latifolia vient du latin “latifolius”, pour indiquer ses feuilles larges.
C’est une plante à stipe très bas, acaulescent, même si chez les spécimens les plus anciens le stipe peut émerger du sol sur une hauteur d’environ 12 à 25 cm, avec un diamètre de 10 à 12 cm. Elle est recouverte de cataphylles persistantes, de couleur brun-rougeâtre, partiellement tomenteuses et d’aspect triangulaire.
Ceratozamia latifolia porte une couronne généralement formée de deux à huit feuilles, de couleur vert pâle, lisses, glabres, légèrement courbées, d’une longueur variant de 0,5 à 1,5 m. Les jeunes feuilles sont brun-rougeâtre et légèrement tomenteuses à l’émergence, puis glabres à maturité.
Le pétiole, droit, long de 35 à 40 cm, d’un diamètre de 8 mm, est généralement désarmé, de couleur verdâtre pour les feuilles adultes, pour lesquelles on y trouve parfois de petites épines éparses. Le rachis est dépourvu d’épines, brun-verdâtre. Pour les feuilles adultes, il porte environ 15 à 30 paires de folioles papyracées, de 15 à 25 cm de long, 3 à 5 cm de large, oblongues, alternes, plates, falciformes, vertes, avec un apex pointu et asymétrique.
Le cône femelle est solitaire, globulaire-cylindrique, dressé, long environ 15 à 16 cm et large 6,5 à 7,5 cm, vert pâle à l’émergence avec des trichomes marron à maturité, et un apex apiculaire (déprimé). Le pédoncule tomenteux, marron, mesure 2 à 4 cm de long et 1 à 1,4 cm de diamètre. Les mégasporophylles mesurent 1,6 cm de haut et 2,5 à 2,8 cm de diamètre, la face distale est proéminente, l’angle obtus entre les cornes, légèrement tordues. Le sarcotest, subovoïde et globulaire, est tout d’abord rouge-blanchâtre, puis devient marron à maturité. Il mesure 2 à 2,4 cm de long et 1,2 à 1,6 cm de diamètre.
Le cône mâle est solitaire, cylindrique, dressé, de 10,5 à 20 cm de long et 2,1 à 2,5 cm de diamètre, avec un apex mucronné. De couleur jaune-verdâtre avec pubescence brun-rougeâtre à l’émergence, il devient entièrement brun-rougeâtre à maturité. Le pédoncule tomenteux, de brun-rougeâtre à brun, mesure 3,5 à 4 cm de long et 0,9 à 1,2 cm de large.
Ses dimensions, sa disponibilité en pépinière et la grâce de ses feuilles ont favorisé sa diffusion comme plante d’intérieur dans les jardins d’hiver et comme plante de jardin dans les zones qui lui permettent de vivre à l’extérieur.
Comme c’est généralement le cas pour les Ceratozamia, c’est une plante facile à cultiver. Elle pousse bien dans les zones peu éclairées et peut être utilisée avec succès comme plante d’appartement, mais doit être protégée des dommages causés aux folioles, qui sont particulièrement fragiles.
Malgré les nombreux prélèvements, Ceratozamia latifolia n’est pas rare dans la nature et le long des routes principales, on peut encore voir des spécimens éparpillés dans les montagnes.
Le renouvellement à partir des graines est bon et on peut observer la croissance naturelle de jeunes plantes. Bien que son habitat naturel ait été perturbé par la culture industrielle des bananes et du café, ces cycadales ont été épargnées car elles poussent généralement dans des zones inaccessibles et rocheuses, la plupart d’entre elles étant impropres à l’agriculture.
Sa propagation est facile à partir de graines fraîches ou par voie agamique, lorsque c’est possible, avec séparation des drageons basaux.
Le nom Ceratozamia latifolia a fait l’objet de discussions et de désaccords. Plusieurs années après la description originale de Miquel, la Ceratozamia latifolia a été déclassée en variété, en tant que Ceratozamia mexicana var. latifolia, un statut maintenu jusqu’à ce que la dignité de l’espèce soit de nouveau reconnue en 1986.
Synonymes : Ceratozamia karsteniana Dyer (1884) ; Ceratozamia mexicana var. latifolia (Miq.) J.Schust (1932).
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