Odezia atrata

Famille : Geometridae


Texte © Prof. Santi Longo

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

D'origine paléarctique et aujourd'hui rare dans divers secteurs le Ramoneur (Odezia atrata) est présent dans toute l'Europe, dont les Balkans, et en Mongolie.

D’origine paléarctique et aujourd’hui rare dans divers secteurs le Ramoneur (Odezia atrata) est présent dans toute l’Europe, dont les Balkans, et en Mongolie © bellemma

Odezia atrata Linnaeus, 1758 est un Geometridae connu usuellement sous le nom de Ramoneur en raison de la couleur marron foncé des adultes à laquelle se réfère également l’épithète de l’espèce atrata, noircie en latin.

Ce Lépidoptère est appelé “Chimney Sweep” en anglais, “Rouwspanner” en allemand, “Sotmatare” en suédois et “Falena spazzacamino” en italien.

Décrite par Linné en 1758 sous le nom de Phalaena atrata cette espèce a été transférée dans le genre monospécifique Odezia par Boisduval qui l’a créé en 1840 en lui donnant le nom d’une femme de sa famille.

Comme l'indique son nom vulgaire ses ailes sont noirâtres sauf les antérieures dont l'extrémité du bord et la frange apicale ont des poils blancs.

Comme l’indique son nom vulgaire ses ailes sont noirâtres sauf les antérieures dont l’extrémité du bord et la frange apicale ont des poils blancs © Ian M. White

Zoogéographie

Cette espèce d’origine paléarctique était jadis très commune. Elle est aujourd’hui devenue rare dans différentes régions et l’on pense que ses populations ont disparu dans de nombreuses zones.

Le Ramoneur est répandu dans toute l”Europe où il a été observé dans la péninsule ibérique, le centre de la péninsule finno-scandinave, en Italie et dans les îles britanniques. Il est également présent dans les Balkans et en Mongolie.

Fréquent dans les champs, Odezia atrata se nourrit avec sa spiritrompe de nectar, de miellats et du jus de fruits mûrs. Son envergure alaire est de 24 à 30 mm.

Fréquent dans les champs, Odezia atrata se nourrit avec sa spiritrompe de nectar, de miellats et du jus de fruits mûrs. Son envergure alaire est de 24 à 30 mm © raeubertochter

Écologie-Habitat

Odezia atrata vit dans les régions d’Europe au climat tempéré et frais où on le rencontre en bordure des forêts et des bois, dans les prairies moyennement humides, le long des rives des étangs mais aussi dans les zones agricoles et les zones urbaines et suburbaines où poussent les Apiacées-hôtes des genres Conopodium, Anthriscus et Angelica. Les larves en se nourrissant de leurs feuilles causent souvent des défoliations.

Morphophysiologie

Le temps passant, quelques jours après l'éclosion, sa livrée de Odezia atrata tend vers le marron foncé sauf les bords apicaux blancs.

Le temps passant, quelques jours après l’éclosion, sa livrée tend vers le marron foncé sauf les bords apicaux blancs © Paolo Mazzei

Les adultes qui sont de couleur marron foncé ont une envergure alaire de 24 à 30 mm. Leurs ailes antérieures mesurent 12 à 15 mm et sont presque entièrement noires sauf l’extrémité de leur bord et la frange apicale qui portent des poils blancs.

Quelques jours après leur éclosion leur livrée devient marron foncé à l’exception des bords apicaux.

Paul Thierry-Mieg a décrit sous le nom de Odezia atrata nigerrima une femelle dépourvue du bord et de la frange apicale de couleur blanche.

Les oeufs sont de forme ovale et ont une couleur claire qui devient de plus en plus foncée au fur et à mesure que l’embryon et la chenille se développent.

Un accouplement de Odezia atrata. Les adultes sont actifs de mai à août surtout aux heures les plus ensoleillées de la journée. Les femelles pondent sur la face inférieure d'Apiacées des genres Conopodium, Anthriscus et Angelica.

Un accouplement. Les adultes sont actifs de mai à août surtout aux heures les plus ensoleillées de la journée. Les femelles pondent sur la face inférieure d’Apiacées des genres Conopodium, Anthriscus et Angelica © Gediminas Gražulevičius

Le corps des chenilles pendant leurs cinq stades larvaires a une couleur qui varie du jaune au vert et comporte des bandes dorsales plus foncées. Elles sont oligopodes vu qu’elles ont trois paires de pattes thoraciques et seulement deux paires de pseudo-pattes abdominales situées au niveau du sixième et du dixième urite.

Du fait de cette caractéristique morphologique commune à tous les Géométridés elles se déplacent de manière typique en cambrant et en étirant leur corps à la façon d’un compas et donnent ainsi l’impression de mesurer le terrain comme le font les arpenteurs.

Les chenilles adultes rejoignent le sol ou les fissures des écorces où elles se nymphosent.

La chrysalide a une couleur marron plus ou moins foncée.

Éthologie-Biologie reproductrice

Les adultes sont actifs de mai à août, surtout aux heures les plus ensoleillées de la journée. Ils volettent le long des bords des fossés et des plans d’eau et dans les prairies et les landes où ils se nourrissent de nectar, de miellats et du jus de fruits mûrs.

La nuit ils sont attirés par les lumières.

Les mâles, sitôt après leur éclosion, partent à la recherche des femelles en suivant les traces des phéromones sexuels qu’elles émettent. Étant donné la brève durée de leur existence qui s’achève avec l’accouplement souvent ils ne s’alimentent pas.

En juillet les femelles pondent des grappes d’oeufs sur la face inférieure des feuilles des plantes-hôtes où ils passent tout l’hiver.

Les larves éruciformes, les chenilles, naissent au printemps. Elles mangent d’abord le chorion de leurs oeufs puis commencent à ronger les feuilles tendres des Apiacées-hôtes.

Aux différents stades larvaires, afin d’échapper aux oiseaux, reptiles, Mantidés et autres prédateurs, elles se camouflent en restant immobiles sur les rameaux des plantes-hôtes et en prenant la couleur et parfois même la forme de leur support. De cette façon elles se soustraient à la vue des prédateurs, les contours de leur corps s’estompant et se confondant avec le support végétal.

Ce mimétisme cryptique et comportemental ne s’avère efficace qu’en cas de rencontres avec les prédateurs qui repèrent visuellement les chenilles mais non avec certaines espèces d’Hyménoptères Scelionidae du genre Telemonus Haliday, 1833.

Les chenilles de Odezia atrata avancent à la façon d'un compas ce qui est le mode de déplacement typique de la famille des Geometridae.

Les chenilles avancent à la façon d’un compas ce qui est le mode de déplacement typique de la famille des Geometridae © Wolfgang Wagner

Elles prennent la couleur et parfois même la forme du support et se figent dans l'immobilité en cas de danger pour échapper à la vue des prédateurs.

Elles prennent la couleur et parfois même la forme du support et se figent dans l’immobilité en cas de danger pour échapper à la vue des prédateurs © Wolfgang Wagner

Ceux-ci introduisent en effet leurs oeufs dans le corps des malheureuses chenilles après avoir rejoint la plante-hôte, guidés par son odeur. Ils les découvrent facilement grâce aux sons, aux vibrations qu’elles émettent et surtout aux composés volatiles appelés kairomones qui sont présents dans leurs sécrétions salivaires et leurs excréments.

Les chrysalides qui se réfugient dans les fissures des écorces des arbres ou sous les feuilles au sol sont pour finir la proie de Coléoptères Carabidés.

Cependant la raréfaction de ce Géométridé est surtout liée à l’altération et à la dégradation des habitats où poussent les plantes-hôtes.

Les chrysalides de Odezia atrata se cachent dans les fissures des écorces des arbres ou sous les feuilles au sol.

Les chrysalides se cachent dans les fissures des écorces des arbres ou sous les feuilles au sol © Wolfgang Wagner

Synonymes

Baptria chaerophylla (Hubner,1825) Odezia cherophyllaria (Hubner,1825); Odezia chaerophyllata (Linnaeus 1761); Odezia dalmatina Staudinger, 1920; Odezia denigrata Prout, 1934; Odezia nigerrima Thierry-Mieg,1910; Odezia perfusa, 1927; Phalaena atrata Linneo,1758; Phalaena chaerophyllata Linneo,1767; Tanagra atrata, (Linnaeus,1758).

Sous-espèce : Odezia aatrata atrata (Linnaeus, 1758); Odezia aatrata haraldi (Fibiger, 1997); Odezia atrata meridionalis Reisser, 1935; Odezia atrata pirenaica Gumppenberg, 1887.

 

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