Famille : Bromeliaceae
Texte © Pietro Puccio
Traduction en français par Michel Olivié
L’ Ananas comosus (L.) Merr. (1917) est probablement originaire du Brésil et du Paraguay. Les plantes cultivées sont le résultat d’une longue sélection qui a débuté à l’époque précolombienne.
Le nom du genre vient de “nanas” qui signifie en langue guarani fleur, parfum. Le nom latin de l’espèce “comosus” = chevelu, doté d’une abondante chevelure fait référence à la touffe de feuilles située sur le fruit.
Noms communs : pineapple (anglais), ananas (français), ananas, ananasso (italien), abacaxi, abacaxi-do-mato, ananás, anánas-selvagem, gravatá (portugais), ananá, piña, piña de América, piña tropical (espagnol), Ananas (allemand).
C’est une plante terrestre herbacée, pérenne, sempervirente, monocarpique (elle fructifie une seule fois et meurt ensuite), dotée d’ une courte tige, constituée d’une rosette de feuilles longuement lancéolées, presque rubanées, coriaces, de couleur gris vert virant au rougeâtre si la plante est en plein soleil, longues jusqu’à 1,5 m, bien que chez les plantes cultivées leur longueur puisse être nettement inférieure, et larges de 4 à 5 cm, aux bords munis d’épines acérées et recourbées et avec une épine à leur extrémité. Il existe des variétés aux épines rares ou inermes qui ont été sélectionnées pour faciliter leur culture et la récolte du fruit.
La hampe floral, robuste, longue de 30 à 50 cm, se développe au centre de la rosette et se termine par une inflorescence sphérique, épaisse, longue d’environ 30 cm, qui renferme de 50 à 200 fleurs dont chacune est longue de 12 à 24 mm et sous-tendue par une bractée pouvant être de couleur verte, jaune ou rouge et qui a à son sommet une épaisse touffe de feuilles.
La floraison qui se propage du bas vers le haut dure de 15 à 30 jours. Les fleurs sont bisexuées mais auto-incompatibles. La fructification s’effectue par parthénocarpie (le fruit se forme sans qu’il y ait de fécondation). Le fruit est un fruit composé (un syncarpe) de couleur d’abord vert, puis jaune ou rouge orangé à maturité. Il est formé à partir de la fusion des ovaires mûrs avec la base des sépales et des bractées et l’écorce de l’axe floral dont les tissus, en grossissant, deviennent charnus et juteux.
Les graines sont rares même en cas de fécondation croisée (les principaux pollinisateurs naturels sont les colibris). Elle sont petites, 3 à 5 mm x 1 à 2 mm, dures et de couleur marron. La floraison est par nature irrégulière. De ce fait, dans la pratique agronomique, l’induction qui synchronise la floraison et qui a pour but une récolte également synchronisée est réalisée de façon chimique en pulvérisant des composants qui libèrent de l’éthylène, une hormone apte à stimuler la transformation en inflorescence de l’apex végétatif. La reproduction s’effectue par voie végétative au moyen des nouvelles plantes qui naissent parmi les feuilles à partir des bourgeons axillaires sur la tige sous le fruit et de la “touffe”de feuilles placée sur le fruit. Dans les cultures situées aux environs de l’ Équateur il faut 18 à 20 mois pour que la plante arrive à maturité et fructifie. Cette durée est d’autant plus longue que l’on s’éloigne de l’Équateur.
C’est un des fruits tropicaux les plus populaires et les plus importants sur le plan économique. On peut aussi le cultiver dans les climats subtropicaux, approximativement dans une bande comprise entre le 30e parallèle de l’hémisphère Nord et le 33e parallèle de l’hémisphère Sud. Il est essentiellement riche en vitamine C (mais aussi en vitamines A et B) et est cultivé tant pour la consommation locale que pour l’exportation, tel quel ou mis en boîte en tranches ou sous forme de jus.Certaines variétés sont cultivées afin d’extraire des feuilles des fibres solides convenant à la fabrication de cordages et de textiles ou employées dans l’industrie du papier. Le fruit, et plus encore la tige, contiennent de la broméline, une enzyme protéolytique qui, une fois purifiée, est utilisée tant en pharmacologie, principalement comme anti-inflammatoire et anti-oedémateux, que dans l’industrie alimentaire pour clarifier la bière, dans la viande en boîte pour la rendre plus tendre et dans les céréales pré-cuites.
Cette plante a aussi un emploi ornemental, en particulier les variétés au feuillage panaché, à la fois comme plante d’extérieur là où le climat le permet, seule ou agencée pour former des parterres et des bordures, en plein soleil sur des sols légers, perméables, sableux, acides et riches en substances organiques et comme plante d’intérieur, en pot, en choisissant un emplacement aussi lumineux que possible. Les arrosages doivent être réguliers en été, mais en laissant la couche de terre superficielle s’assécher entre deux arrosages, et espacés en hiver, vu qu’il s’agit d’une plante capable de résister à de longues périodes de sécheresse mais sujette au pourrissement en cas d’humidité élevée et de basses températures. Il convient pour cette raison que les températures soient maintenues au-dessus de 16 °C.
La présence de la touffe caractéristique de feuilles sur le fruit et la possibilité d’en extraire une nouvelle plante ont depuis toujours suscité de la curiosité et de l’intérêt tant pour cette espèce que pour l’Ananas bracteatus.Une méthode simple pour obtenir une nouvelle plante est la suivante : on choisit une plante à la touffe entière et aux couleurs brillantes, on la coupe à la base avec un couteau effilé, on élimine d’éventuels résidus de pulpe qui pourraient devenir un terreau de culture pour des agents pathogènes et on laisse sécher quelques jours.
On détache quelques feuilles basales de façon à découvrir les marques des racines présentes sur une hauteur d’environ 1 cm et on dispose la plante dans un terreau sableux ou complété par d’autres matériaux inertes à un emplacement très lumineux où elle peut être exposée au soleil pendant quelques heures, à des températures supérieures à 18 °C. Le terreau doit être maintenu à peine humide. L’enracinement survient en général au bout de 2 à 3 mois.
Quand elle est cultivée en appartement la nouvelle plante parvient à maturité après quelques années et même alors, du fait de sa nature instable et des conditions environnementales peu favorables, elle fleurit rarement.
Un procédé pour y remédier qui est à la portée de tous consiste à recouvrir la plante d’un film plastique transparent et à placer à sa base une ou deux pommes coupées durant environ trois semaines (les fruits mûrs, en particulier les pommes, dégagent de l’éthylène, une hormone qui, comme déjà indiqué, favorise la floraison de l’ananas). Après six à huit semaines, si la plante est déjà mûre, la floraison devrait débuter.
Synonymes : Bromelia ananas L. (1753); Bromelia comosa L. (1754); Bromelia ananas Willd. (1799); Ananas sativa Lindl. (1827); Ananassa sativa Lindl. (1837); Ananas sativus Schult. & Schult. f. (1830); Ananas ananas (L.) Voss (1895); Ananas ananas Ker Gawl. (1896); Ananas bracteatus var. hondurensis Bertoni (1919); Ananas parguazensis L.A. Camargo & L.B. Sm (1968).
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